Quand vous vous rendez à Danian, au nord de la Province chinoise de Guangxi, vous ne pouvez pas la manquer. Encore moins en ce mois de décembre… Cette année 2058 vous donnera aussi d’autres occasions d’apprécier à sa juste valeur ce que représente le sanctuaire Fangfang pour les Miao.
Sans sa majestueuse chape de verre qui reprend tous les codes architecturaux des Hmongs, la demeure de bois, accrochée au flanc de la colline, ne paierait pas de mine. Reconstruite à l’identique, dans les années 15, en hommage à Françoise Grenot-Wang décédée dans l’incendie de l’originale, la « maison des minorités » est devenue, au grand étonnement des observateurs extérieurs, le centre politique et culturel de l’ethnie Miao, dans cette Chine qui peine à laisser leur place aux multiples ethnies qui la composent et vacille sur ses fondations, sous les coups de buttoirs des indépendantistes de tous bords.
Les Miao se distinguent des autres populations de Chine par diverses particularités dont des revendications non violentes (Les Miao avaient dénoncés l’
attentat qui avait frappé le barrage des Trois Gorges, le 14 janvier 2057. L’enquête, à ce sujet, est toujours en voie d’instruction) et sans attachement territoriale, au point qu’il n’existait pas de capitale Miao, pas plus que de représentation politique Miao centralisée… En tout cas pas jusqu’à la disparition accidentelle de Françoise Grenot-Wang dans l’incendie de sa maison au soir du 9 décembre 2008, dans des conditions qui n’ont jamais été éclaircies.
La disparition de cette sinologue française qui a consacré les 10 dernières années de sa vie aux Miao et à la sauvegarde de leur culture (au travers d’une ONG,
Couleurs de Chine) a aidé à la cristallisation de l’esprit de nation Miao. Dès le premier anniversaire de la disparition de celle que tous appelaient Fangfang, on vit converger des groupes de plus en plus grands au fil des années. C’est cette affluence qui motiva la reconstruction de la maison de bois qui devint le centre d’un sanctuaire à la mémoire de celle qui les avait défendus et encouragés à être fiers de leur identité. Les autorités centrales chinoises avaient laissé faire, ne voyant dans ces rassemblements que la manifestation d’une dévotion puérile.
C’est ainsi Danian est devenue, sans le vouloir, la capitale d’une identité et d’une nation naissante au grand dam du pouvoir central chinois qui doit négocier avec un nombre toujours plus grand de mouvements qui bousculent chaque jour un peu plus l’hégémonie de la nation chinoise. « En ce mois de décembre, Danian célèbre les 50 ans de la disparition de celle qui nous a rendu notre fierté… En ce mois de décembre, nous voulons l’affirmer un peu plus pour nous-même et pour les générations Miao à venir ! » déclarait le maire de Danian, traditionnellement considéré comme le chef de la nation Miao, à l’occasion des festivités qui ont débuté par un grand concert de « lusheng » le 9 décembre, à 21 heures, heure supposée du décès de Fangfang.
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