Chute d’un pylône du téléphérique, 24 morts
Les très nombreuses victimes de l’accident du tout récent téléphérique de l’Everest commencent à arriver par hélicoptère dans les hôpitaux de la capitale népalaise. Les blessés, outre fractures et commotions, souffrent le plus souvent de gelures aggravées car les sauvetages ont été compliqués par une forte tempête de mousson mal anticipée par les services météorologiques. Une chapelle ardente multiconfessionnelle a été dressée à Basecamp, aujourd’hui devenu le Chamonix de l’Himalaya, pour accueillir les 24 dépouilles redescendues par les Mountain Rescue Sherpas. La route d’accès à Basecamp depuis Namche Bazaar, coupée à la suite d’un éboulement de boue et de neige entre Dingboche et Lobuje, a été rapidement dégagée pour faciliter l’évacuation des milliers de touristes bloqués au pied de Chomolungma, le nom tibéto-népalais de la plus haute montagne du monde (8848m). Ryoko, une jeune Japonaise en larmes, a déclaré à son arrivée à Kathmandu : « L’Everest offre à la fois le plus beau spectacle que je connaisse mais aussi le plus horrible ».
La catastrophe, avec son retentissement mondial, afflige déjà la Nepal Hotel and Lodge Association car presque toutes les réservations dans les auberges et hôtels de Basecamp pour les mois à venir ont fait l’objet d’annulations, qu’il s’agisse de ‘tour operators’ ou de particuliers.
Arnold Spätli, CEO de l’entreprise zurichoise Berg Turist Verkher (BTV) qui a construit le téléphérique de l’Everest, de retour de Basecamp où il s’est recueilli dans la chapelle funéraire, a prononcé une phrase qui risque de passer à la postérité : « Les paramètres météorologiques rencontrés lors de la tempête n’ont pas respecté ceux du cahier des charges ». Les compagnies d’assurance et le Lloyd’s apprécieront.
Le téléphérique de l’Everest, en réalité, relie Basecamp au sommet voisin du L
hotse (8561m) grâce à deux immenses tronçons dont les câbles reposent sur de hauts pylônes métalliques. Une plateforme a été aménagée à l’arrivée du tronçon supérieur avec un restaurant panoramique pressurisé. La Chine, ayant fait valoir que le sommet de l’Everest est situé sur sa frontière avec le Népal, s’est opposée à ce que le téléphérique y aboutisse. « Vous n’avez pas construit de téléphérique sur Mont Blanc, vous avez préféré Aiguille du Midi » a rappelé Wi Linpei, vice-ministre chinois des loisirs, aux consultants chamoniards Charlet, Devouassoud and Co. (CDC) en charge de l’étude du projet. Il a ajouté : « Lhotse est aussi sur la frontière mais il est moins célèbre que Chomolungma ». Financée par la Banque Mondiale et l’International Moutain Fund (IMF) dans le cadre de leur aide au Népal, la construction de cette remontée mécanique s’est déroulée entre 2058 et 2062 dans des conditions extrêmes. Selon les premiers témoignages, ce serait le pylône le plus élevé, environ 200m sous le sommet du Lhotse, qui aurait cédé sous la pression d’une bourrasque d’une violence inhabituelle.
On rappelle que Accor Nepal Mountain Resorts (ANMR), la célèbre chaine hôtelière franco-népalaise, possède le palace cinq étoiles Everest View, 250 chambres, situé au centre de Basecamp. A la bourse de Kathmandu, le titre ANMR perdait 7,9% le 28 novembre.
Yann Teissier du Cros, correspondant de FuturHebdo à Kathmandu, Népal
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