Qui réfute encore les modifications climatiques que subit notre planète ? En cherchant bien, vous trouverez encore quelques américains (plus ou moins conspirationistes et motivés par la sacro-sainte liberté d’entreprendre) qui vous soutiendront mordicus que l’homme n’est pas à l’origine des phénomènes qui ravagent le monde… Quoique « ravager » soit un terme trop violent : adressez-vous à l’agriculteur russe. Lui, il est ravi de tous ces changements !
Protégé des océans tumultueux par un continent qui prend ses racines en extrême-orient jusqu’aux portes de l’Occident, le moujik des temps modernes a très bien su tirer à son avantage le réchauffement du permafrost pour faire des plaines longtemps synonyme de désolation et des pires privations du temps du communisme totalitaire une terre fertile qui porte désormais le doux nom de « grenier à grain de la planète » !
L’adaptation de ces terres stérilisées par le froid à la culture des céréales ne s’est pas faite sans mal. Les matériaux végétaux non dégradés accumulés pendant des millénaires ont du subir maints traitements avant d’être capables d’accueillir la moindre semence. Les hautes technologies, génétique et robotique, ont grandement participé à cette métamorphose. Et Moscou qui au début du millénaire se rêvait un avenir lumineux dans le cortège des grandes nations de la planète semble enfin tenir sa revanche. Vladimir Poutine doit en soupirer d’aise sous son catafalque.
Mais le bonheur des uns ne va pas sans le malheur d’autres. Et une foule immense de migrants climatiques se presse aux frontières méridionales de l’immense empire qui malheureusement et malgré les pressions diplomatiques ne semble pas disposer à les accueillir. Et les camps de réfugiés arrachés à leurs terres désormais immergées ne cessent de grossir avec leurs lots d’épidémies, de trafic divers et de violence. Ces camps, on les trouve en Mongolie ou au Kazakhstan. Même la Chine doit gérer son lot de migrants climatiques, sans parler du goulet qui passe entre la mer Noire et la mer Caspienne. Là, les nations impliquées risquent bien de s’effondrer tant le nombre de migrants en grand. Mais tous restent bloqués et s’entassent contre un nouveau rideau de fer russe, qui, implacable, s’étale d’est en ouest, sur des milliers de kilomètres.
Les plus mauvaises langues laissent entendre que le Kremlin compte bien négocier à son avantage le passage de chaque migrant qu’elle accueillera sur ses terres. Les couloirs de l’ONU bruissent d’échos cyniques… Bien que, dés aujourd’hui, nul besoin d’une ouïe augmentée pour les saisir !
(C) Olivier Parent
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