CARTE 4.1 : Sur la piste de l’ennui

Olivier Parent 1

Question 

Les « délices de Capoue » ne vous enlèvent pas vos aptitudes anxieuses à la réflexion, votre propension aux interrogations inquiètes.

D’autant que le temps du confinement est propice aux questions que ne se posent pas avec la même acuité et les mêmes frissons les « rationalistes ». Et notamment celle-ci :  

« L’épidémie n’éclaire-t-elle pas cruellement l’impuissance politique ? »

Du fond de votre ennui accablé ou de votre couche divertissante, vous ne pouvez que répondre positivement. Un « oui » affirmé (et un peu dénonciateur).

« Du coup », comme disent les adolescents, vous mettez en place un « quiz littéraire ». Vous interrogez les autres joueurs : connaissez-vous des textes qui illustrent pour toujours ce lien entre la faillite du politique face aux invasions virales ?

Des textes culturellement majeurs, donc.

  • Aide en culture littéraire (car il faut bien que vous connaissiez quelques réponses !) :
    • Œdipe Roi de Sophocle (495-406). La tragédie œdipienne a pour origine la peste qui ravage Thèbes. C’est une punition des dieux (bien sûr !). La   foule de suppliants qui anime le prologue se demande pourquoi ils sont ainsi affligés. Le prêtre de Zeus s’adresse à l’incarnation du pouvoir politique, au roi Œdipe : mais qu’il fasse donc quelque chose ! Qu’il agisse pour libérer la cité de la peste. Œdipe répond qu’il a envoyé Créon, son beau-frère, consulter l’oracle de Delphes pour savoir comment remédier à ce problème. Car, il va de soi que, sans l’oracle, il est impuissant à juguler la maladie. On connaît la suite ! 
    • Histoire romaine de Tite-Live (64 av.-17 ap. J.-C.). L’historien ironise. Les Patriciens aussi bien que les Plébéiens, les deux clans opposés de la politique romaine, restent impuissants à lutter contre la maladie qui ravage Rome. Pire ! Les premiers utilisent l’argument de la peste pour dénoncer « les honneurs livrés au peuple », infamie imputable à leurs adversaires et qui serait la cause de la « colère des dieux ». 
    • La Peste de Camus (191361960). Vaste question : que peuvent faire les hommes politiques, et, plus largement, que peuvent les institutions humaines, face au mal, que représente l’affection ravageuse ? Le père Paneloux donne ce qu’il pense être la réponse chrétienne à cette question. Dieu est exigeant ! « Vous avez pensé que quelques génuflexions le paieraient bien assez de votre insouciance criminelle. Mais Dieu n’est pas tiède. » Fatigué de nous attendre, fatigué de nos réponses humaines (philosophiques ? médicales ? politiques ?)  Dieu a laissé le fléau visiter « toutes les villes du péché depuis que les hommes ont une histoire. »

 

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