Carte blanche à Thomas Michaud : Le Neurezo devrait dépasser le métavers dans les prochaines années | Festival des Mondes Anticipés

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Carte blanche à Thomas Michaud :  Le Neurezo devrait dépasser le métavers dans les prochaines années | Festival des Mondes Anticipés

L’entreprise Neurocosmos vient d’annoncer sa volonté d’interconnecter l’humanité grâce à une puce implantée dans le cou de milliards d’utilisateurs. Le Neurezo (réseau neuronal) qui émanera de cette interconnexion devrait permettre de reproduire des expériences et des souvenirs d’une manière très réaliste. De la sorte, il sera possible pour n’importe quel humain de partager toutes ses connaissances et d’acquérir celles téléchargées par ses congénères. Le Neurezo devrait donc remplacer le métavers, grâce auquel il était possible de se connecter à une réalité simulée grâce à des casques de réalité virtuelle depuis les années 2020.

Des expériences ont été réalisées sur des cobayes qui ont bien supporté l’implantation de la puce dans leur système neuronal. Les chercheurs ont toutefois noté quelques rejets de l’engin, se manifestant par de forts maux de tête qui furent résolus après son extraction. Dès l’annonce de cette innovation révolutionnaire, les actions de Neurocosmos ont monté en flèche, doublant en quelques jours la capitalisation boursière de l’entreprise. Il faut dire que cette technologie était fortement attendue par les marchés depuis la parution du livre de science-fiction Neuromatrix de l’auteur français Innocent Lemoine dans les années 2020. Le livre, véritable prophétie, promettait un avenir meilleur grâce à une neurconnexion généralisée.

Toutefois, certains esprits grognons se sont déjà manifestés et craignent une aliénation générale de l’humanité à cause de cette technologie. Le théoricien du complot John Smith y voit un projet du gouvernement mondial d’immobiliser les masses pour mieux les contrôler et planifier l’extermination d’un grand nombre d’individus. Un collectif de psychologues et psychiatres a aussi alerté sur les risques cognitifs liés à cette innovation. En effet, une immersion trop longue dans le Neurezo pourrait avoir des effets nocifs sur le cerveau. Elle agirait comme certaines drogues comme le LSD ou l’ecstasy, provoquant une euphorie ponctuelle, puis des troubles neurologiques pouvant mener à des troubles psychiatriques irrémédiables.

Toutefois, les dirigeants de Neurocosmos ont souhaité rassurer la population. Le Neurezo sera beaucoup plus bénéfique que néfaste à l’humanité. Il permettra d’expérimenter les sentiments, les sensations, et les activités de ses interlocuteurs avec une grande précision. L’empathie des individus sera ainsi démultipliée. Les personnes à mobilité réduite, qu’elles soient âgées ou handicapées, pourront continuer à vivre des expériences extraordinaires vécues par d’autres et transmises sur le réseau. Il sera possible d’exister virtuellement d’une manière beaucoup plus complexe que dans la réalité.

Le Neurezo a été homologué sur tous les continents et devrait permettre la communion de toutes les cultures. Cette fusion de l’humanité a déjà été considérablement optimisée par le métavers, qui a notamment permis à des personnes de civilisations et d’horizons variés, voire opposés, de rentrer dans une communication pure et parfaite, encore améliorée par les traducteurs universels.

Il a fallu plus de 40 ans pour réaliser le Neurezo. Neurocosmos était initialement le nom du centre de R&D de l’entreprise de télécommunications Cosmoweb. Elle a décidé de lancer des recherches dans ce secteur après avoir constaté le succès fulgurant du métavers et la volonté d’un grand nombre d’utilisateurs d’accroitre encore davantage le réalisme de la simulation et de bénéficier de la neuroconnexion, Graal des informaticiens depuis l’émergence du courant cyberpunk dans les années 1980. Il fallut donc près d’un siècle pour que cette technologie devienne réalité et révolutionne les rapports humains. Il est même possible de se connecter à des personnes purement virtuelles, comme des progénitures, que l’on élève dans le monde virtuel pendant des années, comme ses propres enfants. Certaines personnes pourront aussi continuer à vivre après avoir numérisé leur conscience et leurs souvenirs, une intelligence artificielle nommée Vi(e)rtuel ayant modélisé l’évolution des personnalités humaines à partir de leurs expériences passées. Ainsi, la mort physique d’un proche ne signifiera plus sa disparition définitive. Il sera possible de continuer à échanger avec elle à travers son double virtuel. Intelligences artificielles, doubles virtuels, et neuroclones permettront d’évoluer dans un univers parallèle très complexe, onirique. Les promoteurs du projet le présentent comme une utopie réalisée, puisque les souffrances humaines seront abolies dans cette simulation neurologique. Les blessures physiques ne seront ressenties que d’une manière très atténuée dans la simulation, et l’algorithme permettra d’optimiser les interactions pour les rendre très agréables et divertissantes.

La question la plus problématique pour Neurocosmos demeure le risque de piratage du réseau par des êtres malintentionnés. L’armée française a ainsi imaginé que des terroristes décident de s’attaquer au Neurezo en implantant un virus neurologique qui pourrait neutraliser des millions d’utilisateurs, voire manipuler leur esprit, les hypnotiser et en faire de véritables soldats au service d’une puissance hostile. Une simulation a envisagé la création d’un virus neurologique capable de transmettre des idées politiques visant à renverser un régime politique. En effet, cette technologie agit directement sur la zone du cerveau qui gère l’émergence des idées. Il pourrait être facile de la manipuler selon les chercheurs du laboratoire de neurocybernétique de l’université de Poitiers.

Neurocosmos a ainsi annoncé la création d’un antivirus réputé inviolable, qui devrait rassurer la population. Toutefois, seuls 20% des individus interrogés ont l’intention de se connecter à cette simulation neurointeractive. La population jeune est plus encline à adhérer à cette innovation, mais les personnes les plus âgées sont plus réticentes. Rappelons qu’il a fallu plus d’une dizaine d’années pour que le métavers entre dans les mœurs et que des milliards d’humains s’y connectent quotidiennement. Gageons qu’il en sera de même pour le Neurezo, et que dans quelques années, la majorité de l’humanité vivra connectée aux mondes virtuels via cette technologie. La question de la gestion des corps immobilisés est aussi problématique. Pendant la neuroconnexion, les individus ne seront plus conscients de leurs corps réels, et devront être placés dans des caissons les protégeant d’éventuelles agressions extérieures. Ils devront aussi s’alimenter et faire de l’exercice physique régulièrement afin de ne pas dépérir.

Les enjeux économiques, politiques et sociaux liés à cette innovation sont colossaux. Cette technologie promet une véritable révolution dans les prochaines années. La spéculation est importante dans ce secteur émergent, et la valorisation de Neurocosmos pourrait dépasser celle des entreprises du métavers dans les prochains mois.


Crédit image : Pixabay | Scottish Guy

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