En 2013, la NASA émettait le souhait de disposer d’une technologie qui, dans un premier temps, permettrait d’imprimer en 3D une pizza. Cette demande est sûrement motivée par la perspective des longs séjours dans l’espace que les astronautes seront amener à entreprendre lors des voyages à destination de Mars… Un an plus tard, c’était le Centre de recherche et de développement de l’US Army qui se lançait dans la conception une imprimante 3D organique qui, à terme, permettrait d’alimenter avec variété ses soldats, jusque sur les champs de batailles. La NASA aussi bien que l’US Army met en avant la dimension pratique des plats imprimés (les aliments sont conditionnées en « cartouches d’encre ») tout comme la dimension plaisir que permettra cette technologie (les nutriments serviront à composer des formes appétissantes). A ce jour, les premières images des œuvres culinaires de ces machines ne sont guère ragoûtantes. Il ne faut cependant pas douter que d’ici peu, ces imprimantes 3D organiques pourront travailler à des échelles fines et à des vitesses plus grandes que nos valeureux prototypes. A ce moment, elles pourront concurrencer bien des plats cuisinés industriels…
L’année 2015 marque aussi la diffusion à destination du grand public d’une autre technologie : les montres connectées. Sous groupe de la grande famille des IoT (Internet of things), les montres connectées ont la particularité d’être la première interface intime et passive entre l’homme et la machine. Le clavier de l’ordinateur, la souris, les écrans tactiles sont des interfaces. Mais, tant qu’on ne les manipule pas, il ne se passe rien. Le rapport exclusif entre l’humain et le monde électronique est apparut avec les commandes vocales : Siri d’Apple, Angie de Microsoft, Now de Google et bien autres encore… ne cessent de s’améliorer au gré des requêtes lancées par les utilisateurs, et deviennent encore meilleurs quand c’est une seule et même personne qui les utilisent. Les montres connectées et l’iWatch, pour ne pas la citer, vont encore plus loin dans la relation avec les individu qui les portent. Si l’utilisateur ne s’intéresse qu’à son petit écran synchronisé avec un environnement informatique plus global, la machine, elle ne s’intéresse qu’aux capteurs disposés au dos des boîtiers de ces interfaces. Sur la montre d’Apple, ils sont au nombre de quatre. Ils mesurent l’activité physique de celle ou celui qui la porte : rythme cardiaque, température, évolution de l’indice de masse corporel… Quelles capacités seront ajoutées aux générations suivantes : acidité de la transpiration, contrôle de glycémie, contrôle hormonale… Les perspectives font immenses.
Toujours au cours des derniers mois qui viennent de s’écouler, et bien qu’Apple ainsi que tous les autres constructeurs aient garanti que les données collectées par leurs appareils connectés resteront confidentiels, les assureurs ont commencé à faire part de leur intérêt pour ces nouvelles technologies. AXA est le premier assureur, en France, à sortir du bois. Il annonce clairement des avantages financiers à l’attention de ses assurés connectés qui accepteront de permettre à leur assureur d’avoir un accès – exclusif – à leurs données biométriques.
Alors, toutes ces annonces sonnent-elles la fin des systèmes d’assurance solidaires ? Devrons-nous tous, demain, nous soumettre à des activités physiques régulières et contrôlées ? Ou bien, serons-nous tous tenus de nous alimenter selon des régimes optimisés pour notre santé personnelle ? Devrons-nous tous manger des plats composés par des algorithmes nutritionnistes – nourris de nos données biologiques fournies par nos objets connectés – et recomposés, à domicile, par des imprimantes 3D ? Tout cela au risque de devoir payer des malus de plus en plus lourds si nous persistons dans notre résistance libertaire…
D’ici là… bon appétit !
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