Une pilule ingérée, une nuit de sommeil et comme pour l’antique test de grossesse, un peu d’urine sur un bâtonnet. Si ce n’est qu’aujourd’hui c’est le caryotype de l’enfant que la maman porte qui apparaît : couleur des yeux, cheveux, de la peau, corpulences et tailles probables… C’est cette énumération non exhaustive qui fait naître la controverse : cette liste serait rapidement amenée à augmenter, surtout dans la « zone médicale » du caryotype.
Beaucoup de spécialistes de la génétique s’interrogent sur la fiabilité d’un tel test. « Quand on lit la liste des critères que le test est capable de déterminer, on a le vertige ! Pour arriver à des résultats fiables sur une telle quantité, il faudrait un laboratoire de 4 à 6 personnes travaillant 24 heures d’affilées. Ce test est un mensonge ! » s’emporte le porte parole des Cliniciens Génétiques de France (CGF), syndicat professionnel très influant dans la promotion de la génétique appliquée. D’autres voix s’élèvent contre cet « eugénisme rampant » : « La commercialisation de ce test est la porte ouverte vers la sélection de l’espèce humaine tel un cheptel ovin ou bovin… il est fort étonnant que la Commission Européenne aie autorisé la vente d’un tel produit ! » s’étonne le porte parole du Conseil Religieux Européen.
La tentation pourrait en effet être grande pour un couple d’interrompre la grossesse si le test ne correspondait pas à ses attentes. L’Inde, longtemps avant l’arrivée de la génétique à bas prix, avait été tentée par l’eugénisme sexuel : nombres de gynécologues indiens avaient acceptés, jusque dans les années vingt, d’indiquer le sexe de l’enfant à venir, les petites filles étant sacrifiées.
Je ne vois pas en quoi l’eugénisme, quand il est encadré et raisonnable, est dérangeant.