Une production du Comptoir Prospectiviste pour
Futures Literacy Laboratory, UNESCO
Bonjour. Je suis très heureux d’être ici avec vous, virtuellement bien sûr. J’aurais aimé être présent en personne, mais je ne le peux pas. J’espère néanmoins que cette vidéo vous inspirera.
Je veux commencer par quelque chose propre à mon expérience. Un des grands défis sur lequel je travaille depuis 30 ans en tant que prospectiviste… c’est de réfléchir aux différentes manières, pour nous, de libérer notre imagination, comment pouvons-nous faire sortir notre pensée des sentiers battus ? De manière immédiate, un des moyens de catalyser notre imagination de catalyser notre imagination est l’extrapolation. C’est assez simple : vous avez un téléphone. il est gros, vous extrapolez en le faisant plus petit et plus puissant. Vous avez une voiture. Vous extrapolez, elle va plus vite. Vous êtes Jules Verne. Vous imaginez un canon qui peut projeter quelqu’un sur la lune. Vous extrapolez. Vous prenez ce que vous savez et vous le rendez plus grand, meilleur, plus rapide. C’est ce que nous faisons traditionnellement, parce que c’est ce que nous savons faire.
Le défi avec lequel je compose – et c’est toujours quelque chose qui n’est pas encore entièrement réglé mais nous essayons et mettons à l’essai différentes méthodes – c’est le changement de cadre. Mais comment changer de cadre de pensée ?
Eh bien, vous pouvez recadrer en changeant les variables, puis vous les poussez vers haut ou vers le bas, et c’est tout. Vous changez la variable… de l’amélioration des écoles à la réduction des cours pour plus d’apprentissage. Ou bien, vous modifiez la fonction des moyens de transport d’un outil servant à vous mener à votre lieu de travail à quelque chose d’autre. En effet, dans votre scénario du futur, par exemple,, il ne s’agit pas d’amener les gens à leur travail parce qu’ils travaillent à la maison, alors les transports deviennent autre chose… vous modifiez la variable.
Mais, il y a une autre façon de changer de cadre, et c’est de changer la façon dont nous imaginons l’avenir par rapport à la perspective traditionnelle, d’adopter une approche différente pour imaginer l’avenir, peu importe qu’il soit probable ou souhaitable, d’une certaine manière utopique. Il s’agit de savoir si nous pouvons penser à l’avenir d’une manière qui ne correspond pas à notre compréhension habituelle de ce qui est utile ? L’avenir est utile parce que nous voulons y arriver. Nous voulons y arriver soit pour planifier ou pour améliorer, ou peu importe quoi d’autre. Mais nous voulons y arriver. Qu’en est-il si nous abandonnons ce postulat ? Si nous y renonçons, nous pouvons alors essayer d’imaginer un avenir sans plus prêter attention à la probabilité ou à la désirabilité de cet avenir. Le changement de cadre est basé sur un changement de vision de l’avenir. L’exercice auquel je vous invite est à ce sujet..
Cela ne signifie pas pour autant que nous pouvons nous passer des éléments analytiques consistant à décrire ce qui nous entoure. Vous avez besoin de variables pour décrire quelque chose, que ce soit la tasse devant vous maintenant ou la même dans un avenir imaginaire. Donc, je vais vous fournir, dans le contexte d’une société d’apprentissage intensif, des variables avec quelques éléments-clés du puzzle, pour décrire un monde imaginaire. Mais, je ne me soucie pas de savoir si c’est probable, souhaitable ou quelque chose que nous devrions planifier. Ce que j’essaie de faire est de vous donner un endroit où jouer, où les paramètres, les variables sont différents. Ainsi, la société d’apprentissage intensif est composée des quatre quadrants traditionnels, en ce sens qu’il s’agit d’une extrapolation : technologie, économie, société et gouvernance. C’est une tentative de repenser vraiment certains aspects de la question “penser l’avenir”, sans être inquiet ni contraint par des arguments tels que «Oh, mais ce n’est pas réaliste” ou “Tu ne devrais pas penser à ça”, “Ça n’arrivera jamais» ou bien encore «Tu sais, je n’aime pas vraiment ça, alors n’y pensons pas ». Ce n’est pas ce genre d’exercice.
C’est un exercice où nous sommes vraiment encouragés à jouer et à aller au-delà de ce que nous pensons être raisonnable, probable, planifiable, souhaitable, gouvernable. Mais il s’agit plutôt d’inventer un monde que nous n’avons jamais vu auparavant.
Dans le cas de la société d’apprentissage intensif, un élément-clé est la “création unique”. La création unique – réfléchissez-y un instant – est quelque chose qui n’est pas produit en série, qui ne provient pas d’une approche de production de masse, tournée vers le monde. C’est unique.
Que se passe-t-il avec la création unique ? Elle fait appel à une ressource essentielle. Et cette ressource, c’est vous. Cela signifie qu’il n’y a aucun moyen de créer quelque chose d’unique si vous ne jouez pas un rôle dans le processus d’invention, de création. Il s’agit donc d’un monde où Steve Jobs et les Ford Model T n’ont pas beaucoup de place. Nous parlons bien d’un monde de créations uniques. Mais, pour que la création unique soit efficace, opérationnelle… il est essentiel que chacun d’entre nous puisse s’inventer, puisse se connaître : « Qui suis-je, quelle est mon identité ? » Prendre des décisions et créer un monde en inventant des relations, les attributs de la vie quotidienne, cela a un énorme potentiel, car il y a tellement à faire : prendre soin de l’autre, trouver un sens à sa vie, profiter du monde, créer des choses, produire de la valeur, échanger, partager, apprendre. Dans la société d’apprentissage intensif, pour son économie, l’identité de chacun et la gouvernance globale, l’ingrédient essentiel est l’apprentissage. Là, l’apprentissage devient ce que le PNB est aujourd’hui pour l’économie industrielle. Mais, nous sommes tellement formatés à penser “société industrielle”, nous sommes habitués à rechercher économie d’échelle, reproductibilité, normes, standards…
La société d’apprentissage intensif qui implique la recherche d’un système de création de valeurs basée sur l’apprentissage peut être décrite à l’aide d’un espace de possibilités. L’espace des possibilités a un axe “production en série et création unique”. Sur l’autre, il y a le niveau d’intensité d’apprentissage d’une activité. En d’autres termes, acceptons-nous ce que quelqu’un nous dit le patron, le consommateur ? Ou devons-nous inventer nous-mêmes cette relation ? Et si nous suivons cet axe, qui n’est ni déterministe, ni probable ni souhaitable, nous constatons néanmoins l’apparition d’écarts selon les situations. Dans le contexte de la production de masse, qui se situe en bas à gauche, l’intensité d’apprentissage est relativement faible et une forte organisation de la production en série. Si vous montez en haut, en haut à droite, vous avez l’apprentissage, la créativité en hausse. Mais, ce n’est pas l’artiste de génie que l’on trouve là. C’est la créativité banale, celle de tout le monde. Il n’y a personne dans cette salle, je peux faire un pari même si je ne suis pas là, qui porte les mêmes vêtements. Nous ne portons pas d’uniforme. Nous inventons qui nous sommes, nous exprimons qui nous sommes. C’est un processus d’apprentissage et un processus de définition de soi, de quelque chose qui est continu. Et ainsi, c’est en cela que consiste la société d’apprentissage intensif : il s’agit de créer de la valeur pour préciser nos goûts. Observez, goûtez, dites ce que vous préférez, ce que vous aimez, ce qui vous rend heureux, tout cela n’est pas déterminé par une hiérarchie technocratique. Il n’y a pas de meilleur ou pire sur le chemin. C’est que vous êtes qui compte. C’est une question de maturation, de développement et de perfectionnement par l’expérience ; qui vous êtes, ce que vous êtes, que disent vos communautés ? Et cela met réellement l’apprentissage en position de pivot. Parce que cela nous permet ce que vous pouvez voir dans l’espace de possibilité lié à l’identité. C’est le défi qui consiste à rechercher un sens et à faire cela continuellement. Dans ce contexte, nous avons l’homogénéité de masse d’un côté et le choix de l’autre.
Alors, que se passe-t-il dans ce contexte ? Dans la société de masse, vous avez l’homogénéité d’une société massifiée et normalisée. Dans la société d’apprentissage intensif, vous avez une structure hétérogène, à petite échelle et fluide – ce que Zigmunt Bauman a appelé la société liquide. Puis, en matière de prise de décision, dans cette société qui fait appel à la réalité de notre liberté, chacun de nous est constamment confronté à la notion de liberté au sens d’Amartya Sen,une liberté différente d’une sortie de prison ou de la fin de l’oppression de la faim ou de l’oppression autoritaire… Ainsi la question devient ‘Comment j’exerce ma capacité à être libre’. Par exemple : « Comment choisir le type de père, le type d’ami, le type de citoyen que je veux être ? ». En d’autres termes, je suis constamment appelé à prendre des décisions à propos de qui je suis, ce que je vais faire, comment je vais le faire ? Cela rend l’apprentissage constant, cela le rend plus intensif. Et la question devient de savoir comment maintenir le caractère constamment intensif de l’apprentissage ?
Aujourd’hui, et c’est une réaction habituelle chez nos contemporains, il semble y avoir trop de choix : « Ne me donnez pas plus de choix, je ne veux pas plus de choix ! » Cependant, la question devrait être: « Quelles sont nos capacités réelles ? Notre capabilité ? » Tant et si bien qu’il s’agit bien d’une question de capacité et de développement de notre capacité à penser les choses différemment. Aujourd’hui, pour tout le monde, je veux dire que je peux supposer que vous savez qu’il y a beaucoup d’aliments différents qui sont à votre disposition. Vous pouvez manger coréen, chinois, japonais, indien, européen, américain, etc… vous avez tous ces choix. Avec le temps, nous apprenons à gérer l’ensemble de ces choix.
Mais nous devons continuer à développer cette capabilité. Et ici, nous arrivons à quelque chose de vraiment critique parce que c’est un changement tout autant qu’une transformation fondamentale, à l’image du genre de changement qui se produit lorsque les paysans déménagent en ville. En arrivant là, ils ne savent pas lire, ils ne savent pas écrire, ils ne savent pas ce que signifie arriver à l’heure ou écouter le patron… Ce sont toutes des choses avec lesquelles ils ne sont pas familiers. Mais, par le biais de formations et après de nombreuses années de transition, la société industrielle leur a donné des capacités qui consistent à lire et à écrire et à respecter toutes les normes liées à la société industrielle, qui permettent à la société industrielle de fonctionner. Le défi consiste donc ici à imaginer une société à forte intensité d’apprentissage : quelles sont les normes, quelles sont les caractéristiques sous-jacentes qui rendent une société à forte intensité d’apprentissage dans laquelle vous définissez en permanence qui vous êtes, faisable et réalisable ? Nous devons penser à ces capacités. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que ce soit magique. De même, on ne peut pas s’attendre à ce que le paysan s’adapte comme par magie à la société industrielle. Cela prend des institutions, des processus. Il faut des structures supports. Il faut des normes qui nous permettent d’être transparents et ouverts. Cela me conduit donc à la question de la gouvernance.
Il y a cette question de capacité décisionnelle. Et la capacité de prise de décision est l’une de ces difficultés, car il n’y a aucun moyen de savoir si vous avez pris la bonne décision. si vous prenez la décision de choisir la fourche de droite, il est certain que vous ne vous dirigerez pas vers la gauche. Il n’y a donc aucun moyen de savoir si la fourche gauche était meilleure que la fourche droite. Donc, il y a toujours quelque chose dans la prise de décision qui reste inconnaissable. Parce que tu n’as pas pris l’autre décision. Mais, en théorie – et il s’agit d’un cadre, d’un ensemble d’hypothèses – si vous prenez plus de décisions, si vous exercez votre profession, si vous avez plus accès à l’information, si l’information est plus transparente et que vous acquérez plus d’expérience… un peu mieux pour prendre des décisions qui, selon vous, ont du sens. Ainsi, l’aspect gouvernance de cette question doit beaucoup à l’apprentissage: plus nous faisons des essais et des erreurs, plus nous expérimentons – car l’expérimentation est un excellent moyen d’apprendre – plus nous expérimentons, plus nous nous améliorons dans la prise de décision. Et alors, toutes ces choses vont ensemble.
Je vais mettre à l’écran un graphique qui décrit en quelque sorte cette société à forte intensité d’apprentissage. Il a ces quatre quadrants. Et les quatre quadrants parlent de technologie, d’économie, de social et de gouvernance. Et vous verrez qu’ils sont liés. L’expérimentation et la réflexion sont liées à l’autonomie. Donc, ce sont des problèmes de gouvernance, qui sont liés à des problèmes sociaux. Vous avez toute une gamme d’utilisations, l’efficacité de nos outils, pour lesquels il existe de nombreux outils – et je ne m’attarderai pas sur un outil en particulier, car vous avez parlé de blockchain, d’IA et de tout le reste – mais, c’est une panoplie d’outils. Et les outils sont significatifs, puissants dans le contexte… Dans le contexte que nous les avons mis à profit. Et si nous les utilisons lorsque nous examinons l’ampleur de nos choix, si nous examinons l’hétérogénéité de nos sociétés, si nous examinons la création unique, la manière dont nous utilisons l’IA, la manière dont nous utiliserons la blockchain, la utiliserait des outils, de nouveaux contrats, de nouveaux mashups d’idées et de création de valeur, ce serait différent. Parce que nous ne rechercherions pas l’évolutivité, nous ne rechercherions pas la création, la production en masse… nous rechercherions l’apprentissage et la créativité et la négociation d’un sens partagé, la création d’une action collective, par le biais de l’interaction et de l’expérimentation. Une approche très différente du monde d’ingénierie et déterministe dans lequel nous vivons aujourd’hui.
Donc, si nous pensons au passage de l’ère de la production de masse à la société d’apprentissage intensif, quels sont certains des grands changements à envisager ? Les choses qui seront différentes ? Me laisser prendre trois exemples
La première est que le nombre de diplômés universitaires n’améliore rien dans la société à forte intensité d’apprentissage. Pourquoi? Les universités se consacrent au savoir technocratique. Ils sont dédiés à l’apprentissage hiérarchique. Ils se consacrent à devenir de plus en plus experts dans quelque chose. Mais, dans la société à forte intensité d’apprentissage, avec une création et une identité uniques, ainsi qu’un choix permanent de qui vous êtes et du type de communauté dans laquelle vous vous trouvez, c’est là la valeur dont vous avez besoin pour vous connaître vous-même. Il s’agit d’apprendre, il s’agit de sagesse. Et l’une des choses vraiment fascinantes est que jusqu’à présent, la société industrielle a vraiment mis sa sagesse à l’arrière-plan, l’ont jetée par la fenêtre. Les sociétés traditionnelles ont souvent valorisé la sagesse. Cependant, la société industrielle entretient ce rapport curieux avec la sagesse – en fait, nous n’en parlons jamais – mais, dans cette société, la société de la sagesse, les expériences vécues et les échecs sont importants. Alors, imaginez votre CV, votre CV, sans échec. Ils regardent et disent: «D’accord, ça veut dire que tu n’as rien fait, ça veut dire que tu n’as pas essayé, ça veut dire que tu n’as pas expérimenté. Donc, vous ne savez pas vraiment quoi que ce soit! ». Il y a donc une sorte de transformation fondamentale dans la manière dont l’apprentissage est conçu et utilisé dans la société, ce qui modifie évidemment le rapport à l’éducation.
Pensez à l’innovation. Ok, le mot à la mode actuelle. Eh bien, l’innovation aujourd’hui concerne l’innovation industrielle, il s’agit d’améliorer la société industrielle, il s’agit d’améliorer la façon dont les choses fonctionnent, sur la base du passé. Mais, dans le contexte d’une société à forte intensité d’apprentissage, l’essentiel est la créativité et la connaissance de soi. Pas l’innovation d’une usine et d’un gadget. Donc, il y a une autre transformation qui est vraiment fondamentale.
Et enfin, nous pourrions penser à la question du «vieillissement». Dans la société actuelle, le vieillissement est un problème. Le vieillissement est un problème parce que cela signifie que les maisons de retraite seront surchargées. Et fondamentalement, il est dit que lorsque vous êtes plus âgé, vous ne valez vraiment plus grand chose pour la société, mieux vaut mourir! Quel concept étrange et bizarre. Mais ici, dans la société à forte intensité d’apprentissage, c’est exactement le contraire: plus on vieillit, plus on devient sage, plus on gagne en valeur, plus on devient efficace. Donc, si nous supposons un peu ceteris paribus que, par expérience, vous devenez plus efficace. Dans la société à forte intensité d’apprentissage, les sociétés les plus riches sont les sociétés les plus anciennes et non les plus jeunes.
Mais je ne fais que jouer avec les différentes façons dont une société d’apprentissage intensive pourrait fonctionner. Votre tâche, dans cet exercice de recadrage, consiste à vous mettre dans ce monde. Ne vous inquiétez pas de la façon dont nous en sommes arrivés là, ne vous inquiétez pas si c’est probable, ne vous inquiétez pas de savoir si c’est souhaitable ou non, ce n’est pas le problème. Le défi consiste ici à trouver un moyen de décrire le fonctionnement des choses. Une journée dans la vie, dans cette étrange société à forte intensité d’apprentissage.
J’espère que cela vous donne assez de choses à jouer et que vous voulez être enjoué. Tu devrais t’amuser. Cela aide avec la créativité. Et j’ai hâte de connaître les résultats et d’être bientôt en contact. Je vous remercie.
Hello. I’m very glad to be here with you, virtually of course. I wish I could be there in person but, I can’t, so I’m hoping that this will be able to inspire you.
I want to start by something that’s really related to my own experience. One of the big challenges I’ve been working on for the last 30 years as a futurist… is to think about different ways for us to liberate our imagination, how do we push our thinking? Now, one way to push our thinking is extrapolation. It’s pretty straightforward : you have a telephone. It’s big and you extrapolate it becoming smaller and more powerful. You have a car. You extrapolate it goes faster. You’re Jules Verne. You imagine a cannon that can shoot somebody to the moon. You extrapolate. You take what you already know and you make it bigger, better, faster whatever. This is what we traditionally do because it’s what we know.
The challenge that I’ve been struggling with — and it’s still something that’s not entirely worked out but, we’re trying and testing different ways — is reframing. But, reframing in what way ?
Well, you can reframe by changing the variables, and then you just dial them up and down, and that’s ok. You change the variable… let’s say from making schools better to eliminating schools and doing learning. Or you change transportation from something that’s meant to get you to work, into something else. Not about getting people to work because they work at home, so transportation is about something else… you change the variable.
But, there is another way of reframing, and that’s to move the way we imagine the future out of the traditional perspective, to take a different approach to imagining the future. Not probable, not desirable and kind of utopian. In other words: can we think about the future in a way that doesn’t relate to our typical understanding of its utility? The future is useful because we want to get there. We want to get there either to plan it or to make it better or whatever. But, we want to get there. But, what about if we abandon that premise? If we abandon the premise that the future is something we want to get to, and instead we try imagine futures without paying attention to probability or desirability. That’s reframing based on a change in the way we think about the future. And that’s what this exercise is about.
Now, that doesn’t mean that we can dispense with the analytical components of describing anything. You need variables to describe something, whether it’s the cup in front of you or an imaginary future. So, I’m going to provide you, in the context of the learning intensive society, with some variables with some key pieces of the puzzle, for describing an imaginary world. But, I’m not paying any attention, I’m not caring about whether it’s probable, desirable or something that we should plan. What I’m trying to do is to give you a place to kind of play in, where the parameters, the variables are different. And so, the learning intensive society is composed of these four quadrants, the traditional ones, in that sense it’s an extrapolation : technology, economy, society and governance. And it’s an attempt to really rethink some aspects of it, without being worried or constrained by “Oh, but, that’s not realistic, you shouldn’t think about that, it can’t be done” or “You know, I don’t really like that, so I don’t want to do it, so let’s not think about that”. This is not that kind of exercise.
This is an exercise where we’re really encouraged to play and to go beyond what we think is reasonable, likely, probable, planable, desirable, governable. But, rather to invent a world that we’ve not seen before.
In the case of the learning intensive society, the key transformation has to do with unique creation. Unique creation — think about it for a moment —, is something that’s not mass-produced, something that is not sourced from a mass production approach to the world. It’s unique.
What happens with unique creation? Well, unique creation actually draws on a critical resource. And that resource is you. Meaning there’s no way to create something unique if you haven’t played a role in inventing it, in imagining it. So, this is a world where Steve Jobs and the mass production Model T cars don’t have much place. Rather it’s a world of unique creation. But, in order for unique creation to be effective, to be workable… it’s critical to be able to invent, to know thyself, to say : “Who am I, what’s my identity?” And to make decisions, creating a world around us by inventing the relationships, the attributes of daily life, has huge potential, because there’s so many things to do. It’s not like this is a world where we don’t have stuff that needs to be done: taking care of each other, finding meaning, enjoying the world, creating things, producing value, exchanging, sharing, learning. In the learning intensive society, the critical ingredient for the economy, for identity, for governance is learning. Learning becomes what today GNP is, for the industrial economy. We’re so accustomed to thinking of industrial society, we’re so accustomed to searching for scale, reproducibility, norms, standards…
The learning intensive society which involves this search for a learning-based value creation system can be described using a possibility space. The possibility space has on one axis mass production and unique creation. On the other, it’s got the learning intensity of the activity. In other words, do we accept what somebody tells us, the boss, the consumer? Or, do we actually have to invent it ourselves? And if we move up this axis, which is not deterministic and not probable or desirable, we nevertheless see a difference between different situations. In the context of mass production, which is at the lower left, you have relatively low learning intensity and you have mass production organization of production. If you go up to the top, the upper right, you have learning, creativity. But, this is not the artist, the genius artist. This is the banal creativity of everybody. There’s nobody in this room, I can make a bet even though I’m not there, that’s wearing the same clothes. We’re not wearing a uniform. We invent who we are, we express who we are. That’s a process of learning and a process of self definition, and something that’s continuously ongoing. And so, this is what the learning intensive society is about : it’s about creating value to the refinement of your own taste. Notice, taste, preference, what you like, what makes you happy, is not determined by a technocratic hierarchy. There’s not a sort of a better or worse in the way. It’s who you are. It’s a question of maturation, of developing and refining through experience; who you are, what you are, what your community is about? And that puts learning in a really pivotal position. Because it allows us — and I’ll move on to the slide about the kind of social context of identity — is that you can see in the possibility space related to identity that the challenge is to kind of search for meaning, and to do so continuously. And in that context, we have homogeneous and scale on one side and choice on the other.
So, what happens in this context? Well, in mass society, you have this homogeneous kind of massified, standardized society. In the learning intensive society, to describe it, you have heterogeneous and small, fluid — what Zigmunt Bauman called the liquid society — and then, when it comes to decision-making, you’re confronted constantly, in this society with the reality of our freedom, in the sense of Amartya Sen, meaning it’s not just getting out of prison that counts, the oppression of starvation, the oppression of authoritarianism. But, the question becomes : “How do I make the choice of what kind of father to be, what kind of friend to be, what kind of citizen to be?” In other words, I’m constantly being called upon to make decisions about who I am, what I’m going to do, how I’m going to do it? That makes learning constant, it makes it more intensive. And the question is how to sustain it?
Well, today, and it’s often a reaction that people have, is that there’s already too much choice. “Don’t give me more choice, I don’t want more choice!” But, the question becomes: “what’s our capability?” And here it’s a question of capacity and development of our ability to think about different things. Today, already, everybody, I mean I can make the assumption, knows that there’s lots of different foods you can choose. You can go to Korean, Chinese, Japanese, Indian, European, American, etc… you have all this choice. And we nevertheless, navigate it, over time, we learn to navigate these choices.
But, we need to develop the capability. And here we’re reaching something that’s really critical because it’s a fundamental shift and transformation, on par with the kind of change that happened when peasants moved to the city. They weren’t able to read, they weren’t able to write, they didn’t know what it meant to show up on time or to listen to the boss… Those were all things that they were unfamiliar with. But, through schooling and many years of transition, the industrial society created this capability — which is reading and writing and all the norms that are attached to industrial society — that allow industrial society to function. The challenge here is to imagine a learning intensive society: What are the norms, what are the underlying characteristics that make a learning intensive society where you’re constantly defining who you are, workable, doable? We need to think about those capabilities. We can’t just expect it to be magic. In the same way, we can’t expect the peasant to adapt magically to industrial society. It takes institutions, processes. It takes supporting structures. It takes norms that allow us to be transparent and open. So, that leads me to the governance issue.
There’s this question of decision-making capacity. And decision-making capacity is one of these really kind of difficult to figure out things, because there’s no way to know if you made the right decision. Because of course, if you make the decision to go on the right fork, you didn’t go on the left fork. So, there’s no way to know actually if the left fork was better than the right fork. So, there’s always something about decision making that’s left unknowable. Because you didn’t take the other decision. But, in theory — and this is framing, a set of assumptions — if you do more decision-making, if you practice, if you have more access to information, if information is more transparent and you become more experienced… presumably, you get a little bit better at making decisions that you think makes sense. So, the governance side of this has to do very much with learning: the more we do trial and error, the more we experiment — because experimentation is a great way to learn — the more we experiment, the more we get better at decision making. And so, all of these things go together.
There’s a graph that I’ll put up that describes kind of this learning intensive society. It’s got these four quadrants. And the four quadrants talk about technological, economic, social, and governance. And you’ll see that they’re interrelated. Experimentation and reflection are related to autonomy. So, those are governance issues, that are related to social issues. You have the range of uses, the effectiveness of our tools, of which there are many tools — and I won’t, you know, dwell on any particular one, because you’ve been talking about blockchain and AI and all the rest — but, it’s a panoply of tools. And the tools are meaningful, powerful in context… In the context in which we put them to use. And if we put them to use when we look at the extent of our choices, if we look at the heterogeneity of our societies, if we look at unique creation, the way we use AI, the way we would use blockchain, the way we would use tools, new contracts, new mashups of ideas and value creation, would be different. Because we would not be looking for scalability, we would not be looking for mass creation, production… we would be looking for learning and creativity and the negotiation of shared meaning, the creation of collective action, through interaction and experimentation. A very different approach to the engineering, deterministic world that we live in today.
So, if we think of this shift from a mass era to a learning intensive society, what are some of like the big changes that are not, you know, the things that wouldn’t be the same? Let me take three.
The first one is that the number of university graduates does not improve anything in the learning intensive society. Why? Universities are dedicated to technocratic knowledge. They’re dedicated to hierarchical learning. They’re dedicated to becoming more and more expert in something. But, in the learning intensive society, with unique creation, and identity, and continuous choice of who you are and what kind of community you’re in, where that’s the value you need to know thyself. This is about learning, it’s about wisdom. And one of the really fascinating things is that up until now, the industrial society really has put wisdom in the backyard, out the window, really. Traditional societies often valued wisdom. But, industrial society has this curious relationship to wisdom — in fact we never talk about it — but, in this society, the wisdom society, experience experimentation and failure are important. So, imagine your resume, your CV, without failure. They look at and they say: “Okay, means you haven’t done anything, means you haven’t tried, means you haven’t experimented. So, you don’t really know anything!” So, there’s a really fundamental kind of transformation, in the way, in which learning is conceived and used in the society which obviously alters the relationship to education.
Think about innovation. Okay, the current buzzword. Well, innovation today is about industrial innovation, it’s about improving industrial society, it’s about improving the way in which things function, on the basis of the past. But, in the context of the learning intensive society, the crucial thing is creativity and self-knowledge. Not the innovation of a factory and a gadget. So, there’s another transformation that’s really quite fundamental.
And finally, we could think of the question of “ageing”. In today’s society, ageing is a problem. Ageing is a problem because it means pensions will be overburdened. And basically, it says that when you’re older, you’re really not worth much to society, better you should die! What a strange and bizarre concept. But, here in the learning intensive society it’s exactly the opposite: as you get older, you get wiser, you become more valuable, you more efficient. So, if we make a little ceteris paribus assumption that through experience you become more effective. Then in learning intensive society, the wealthiest societies are the oldest societies, not the youngest societies.
But, I’m just playing with the different ways in which a learning intensive society might function. Your task, in this reframing exercise, is to put yourself in that world. Don’t worry about how we got there, don’t worry if it’s probable, don’t worry about whether or not it’s desirable or not desirable, that’s not the issue. The challenge here is to find a way to describe how things function. Day in the life, in this strange learning intensive society.
I hope that that gives you enough to play with and it’s meant to be playful. You should have fun. That helps with the creativity. And, I’m looking forward to hearing about the results and to being in touch soon. Thank you.
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