Au bloc opératoire, les interventions mobilisent de plus en plus de technologie. Des robots permettent de réaliser des gestes inaccessibles à l’homme. Cependant leur supériorité reste à démontrer.
Le chirurgien exerce aujourd’hui un métier hyper technologique, au point qu’il peut se retrouver à commander le bras articulé d’un robot effectuant les gestes à sa place. S’agit-il d’un progrès ?
Philippe Hubinois : Le robot n’effectue pas les gestes du chirurgien à sa place. C’est le chirurgien qui dirige les bras du robot. Deux doigts de chacune de ses deux mains manipulent des sticks, c’est-à-dire des manettes, qui commandent directement les mouvements des bras du robot porteurs des instruments chirurgicaux. Il s’agit donc, en réalité, d’un dispositif « démultiplicateur » des gestes du chirurgien, qui supprime tout tremblement, si infime soit-il, permet de réaliser des sutures dans des positions très inconfortables, voire impossibles pour les mains humaines. Le robot possède sept degrés de liberté, quand le poignet humain n’en possède que trois. Le dispositif permet de zoomer et dézoomer, donc d’agrandir considérablement les détails opératoires, pour une meilleure précision du geste.
Il s’agit d’un progrès qu’il faut cependant nuancer, car le toucher direct des organes par le doigts du chirurgien devient impossible. Il est remplacé par un dispositif haptique, c’est-à-dire un ressenti artificiel avec retour de force, infiniment moins sensible…
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