Tableau de Carol Galand
Une série de 13 chroniques sur la médecine du futur.
A suivre tous les vendredis.
L’injection que le jeune médecin venait de proposer à son patient n’était pas ordinaire. Il s’agissait d’une puce électronique, un petit composant à peine plus gros qu’un grain de riz qui, introduit en sous-cutané, à proximité de la tumeur, permettait de remonter de précieuses informations sur la maladie.
Le patient ne pouvait pas dire non puisqu’il s’agissait de trouver le protocole le mieux adapté à son cancer, mais il restait interrogatif.
Le médecin expliquait : il y a dans le monde des milliers de personnes présentant ou ayant présenté ce type de cancer et pour chacune de ces personnes, un traitement plus ou moins adapté, mais dont les résultats sont connus. Avec les nouveaux outils d’Intelligence Artificielle, on est en mesure de rassembler toutes ces données, puis de les analyser, de les mettre en regard avec l’historique médical de chacun, et de comparer tout ceci à votre cas pour vous proposer le traitement qui sera le plus adapté.
Oui, mais la puce ? Elle permet de disposer d’une analyse très fine de votre ADN, de votre tumeur et de son évolution. Car celle-ci va muter, il faudra adapter le traitement à chaque fois que ce sera nécessaire. Non seulement la puce permettra de remonter régulièrement des informations indispensables sur ces mutations, mais elle nous aidera à piloter les nanorobots.
Les nanorobots ? Le patient était perplexe. Et le médecin de continuer : ce sont des instruments extrêmement petits, de la taille du millionième de mètre, 1000 fois plus fins qu’un cheveu, capables de circuler dans le sang et de s’orienter dans l’organisme, pour faire des analyses de votre tumeur et de ses différentes mutations. Leur deuxième rôle, et pas des moindres, c’est de détruire directement, une par une, les cellules cancéreuses, sans toucher aux cellules saines. Le nanorobot identifie la cellule malade, s’en approche jusqu’à la toucher, puis la détruit en lui injectant très exactement la quantité de médicament nécessaire, une nanodose. Vos cellules saines ne sont jamais touchées. Et c’est là une différence majeure avec les traitements par chimiothérapie que nous n’utilisons plus que dans des cas très spécifiques. Vous ne ressentirez pratiquement aucun effet secondaire, ni nausées, ni perte de cheveux, ni vertige ou fatigue.
8 juin 2024, soit à peine deux semaines après le début du traitement, la tumeur avait complètement disparue, entièrement détruite par des nano robots. La rémission du premier patient à être traité de cette façon n’était cependant pas tout à fait certaine et, pendant encore un an, il lui serait nécessaire de procéder à des injections de nano robots chargés de contrôler la zone touchée et de remonter les informations à un bracelet connecté.
La convergence des technologies
De la fiction à la réalité, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, mais nous n’en sommes pas loin, grâce au travail de nos chercheurs et des formidables outils mis à leur disposition.
« NBIC », c’est l’acronyme de Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique, sciences Cognitives. Il s’agit d’un développement sans précédent des technologies du vivant et de l’infiniment petit, couplées à celles des communications et de l’informatique.
Jusqu’au début des années 2000, ces technologies ont évolué séparément, et puis les choses se sont accélérées d’une façon inouïe, leur association multipliant à l’infini les champs d’application. En médecine, tous les espoirs sont permis, les modes de traitements qui seront utilisés demain pour certaines pathologies n’auront plus rien à voir avec ceux d’aujourd’hui, couplant à la fois infiniment petit, Intelligence artificielle et biologie.
Ce n’est qu’une étape vers une médecine encore plus efficace car guérir, c’est bien, mais prévenir, c’est encore mieux. A suivre.
Textes extraits et adaptés par Jean-Pierre Galand du livre du même auteur
« Cette délicieuse odeur de pain grillé, 2084, cauchemar technologique ? »
à paraître en souscription sur Ulule du 15/09 au 30/10/2020.
https://fr.ulule.com/une-delicieuse-odeur-de-pain-grille
CALENDRIER
1 | INJECTION | 22 mai 2024 – l’IA contre le cancer | 6/09/2020 |
2 | DISRUPTION |
Septembre 2026 – de l’ADN et du prédictif au rabais |
11/09/2020 |
3 | CONNEXION |
Novembre 2029 – lorsqu’on préfère assurer les gens en bonne santé |
18/09/2020 |
4 | OBSESSION |
22 mai 2032 – la Sécu recommande le port d’un bracelet connecté |
25/09/2020 |
5 | CONGESTION |
2035 – La pré-consultation médicale en ligne devient incontournable |
2/10/2020 |
6 | VIOLATION |
21 juin 2037 : le génome, objet commercial ? |
9/10/2020 |
7 | REGENERATION |
2040 – pour 80 000 $, le droit à vivre un peu plus encore |
16/10/2020 |
8 | OBLIGATION |
2040 – lorsque l’analyse ADN sera incontournable |
23/10/2024 |
9 | SELECTION |
2048 – du préventif à l’eugénisme |
30/10/2020 |
10 | AMELIORATION |
2050 – le « droit au bonheur » |
6/11/2020 |
11 | AUGMENTATION |
2060 * mille fois plus intelligent |
13/11/2020 |
12 | DESTRUCTION |
2080 – tel un Deus ex machina |
20/11/2020 |
13 | HOLD-UP |
2020 – un mauvais rêve ? |
27/11/2020 |
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