La mission d’Hadès et Perséphone, couple infernal s’il en fut, carabosse et malveillant, était de cacher cette vérité le plus longtemps possible. Mais les Dieux sont naïfs. Ils ont vécu trop longtemps sans lire nos classiques. Savent-ils que le récit de leurs incartades est réécrit par le Docteur Watson ou par Camillieri qui justement situe ses romans en Sicile ? Savent-ils seulement lire ?
Il ne me fallut pas très longtemps pour comprendre que la scène depuis le hublot suggérait le fantasme de parents en pleine copulation, scène primitive s’il en fut1.
Je compris. Le Styx était le vagin de Gaïa. Il ne s’agissait pas d’une symbolique sexuelle mais de quelque chose de plus large, de plus intense. La pénétration de la terre même par la science incarnée par la dépouille d’Hawking! Et que de ce coït non plus primitif mais eschatologique allait surgir le monde de demain.
C’était à l’évidence un coup monté du Fripon Divin. Je n’étais pas au bout de mes peines mais la fête mythanalytique pouvait commencer et je passais derechef les portes du Monastère Bénédictin de Saint Nicolò l’Arèna, à Catane.
Le lieu est immense, palais d’arcades et d’infinis couloirs débouchant sur des salles vertigineuses où courent les étudiants et de rares curieux. L’Etna au loin derrière chaque balustrade. Il me fallut trouver la bibliothèque circulaire où sont protégés des manuscrits blanchis par le soleil qui s’incruste depuis les fenêtres en ogive et en hauteur. C’est là que m’accueillit Orazio Maria Valastro, maitre de cérémonie et inventeur de Trinakhia, institution créative et facétieuse dédiée à la Sicile, ses auteurs et ses imaginaires. Hervé Fischer était l’invité d’honneur de ce colloque sur la mythanalyse de l’insularité. Luc Dellisse, vieux complice, subtil écrivain de son destin, était venu développer ses idées sur Robinson Crusoé et moi sur le Fripon Divin. Vu que c’est le sujet de cette contribution il va bien falloir que j’en parle tout à l’heure. Ce que je ferai avec prudence et circonspection : on a compris qu’il faut être prudent avec la chose.
1- J’ai toujours pensé que la réduction de toute analyse à la seule libido n’était pas satisfaisante mais, là, il y avait anguille sous roche.
Comments are closed.