Il y a 30 ans de cela, la planète connaissait pour la première fois depuis longtemps une pandémie due au désormais célèbre COVID-19.
Survenue un peu plus de 10 ans après la grande crise économique globale qui avait mis à bas le système financier international, la pandémie est survenue à l’issue de fortes politiques de rigueur sur l’ensemble des secteurs publics : éducation, infrastructures et bien évidemment santé publique, tous ces secteurs avaient été mis au régime pour permettre aux diverses économies nationales d’absorber le coût de la crise financière.
Crise financière qui, rappelons-le, avait été absorbée à coût de dépenses publiques plus que de taxes prélevées sur ceux qui étaient à l’origine de la crise et qui, à l’issue de ce renflouement à coups de deniers publics, n’avaient pas nécessairement donné en retour.
Dans certains Etats, tels que les Etats-Unis, ces secteurs publics clés étaient à l’époque de plus en plus abandonnés à l’initiative privée qui cherchait avant tout à en faire des sources de profit plus que de garantir des services de qualité et universels.
En Europe, la logique était plus à la réduction drastique de l’offre de santé ou aux économies d’échelle face à des systèmes de sécurité sociale en crise.
C’est dans ce contexte tendu que le virus est apparu. Le coût humain et le coût sur les infrastructures s’en est forcément fait sentir face à des systèmes de santé peu préparés à un tel contexte.
Et le virus aura au moins eu le bénéfice d’ouvrir la réflexion sur la nécessité de renforcer les systèmes de santé : pas uniquement pour lutter contre les pandémies, mais également, et plus généralement, pour adapter nos sociétés à l’évolution du monde. Un monde faisant face au changement climatique et donc de plus en plus victime d’évènements majeurs impactant nos modes de vie et notre santé.
Cette réflexion mena au final à la mise en place de réformes de fonds pour réadapter complètement la vision de la santé publique.
En effet, c’est désormais sous l’angle de la nécessité que sont envisagées les politiques de santé publique, au-delà du seul droit individuel à l’accès aux soins. Car ce que les gouvernants, et dirigeants économiques, ont fini par comprendre c’est que le système de santé publique est désormais un élément clé de la continuité économique.
Face aux pertes dues aux nombreuses maladies qui continuent de se déclarer du fait du réchauffement climatique, face aux pertes dues aux nombreux accidents liés aux évènements climatiques, l’économie s’est vue impactée de plus en plus fortement. Et finalement, l’investissement dans un système de santé performant, c’est la garantie d’une main d’œuvre plus résiliente à l’évolution des conditions de vie humaines.
De même pour les infrastructures publiques dont la maintenance et le maintien en service est une nécessité pour garantir les chaînes d’approvisionnement en temps de crise.
Alors, bien sûr, tous les Etats n’ont pas suivi. Les Etats-Unis commencent à peine à réfléchir à une telle évolution. Mais l’Europe et l’Asie ont vite compris les éléments de cette problématique et engagé les réformes nécessaires.
Certains ont cependant déploré, à juste titre, que les réformes mises en œuvre en Europe n’étaient pas assez innovantes et cherchaient avant tout à maintenir l’existant plutôt qu’à développer des outils vraiment adaptés au monde de demain.
Mais l’Europe continue à porter le poids de son histoire…
En tout état de cause, « à toute chose malheur est bon » comme dit l’adage et, si la pandémie qui a eu lieu sur terre il y a 30 ans a produit beaucoup d’effets négatifs, elle aura au moins créé un « wake up call » pour que les visions court-termistes au détriment des services publics soient limitées voire rejetées.
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