Internet n’est plus un endroit sûr pour les chercheurs en quête d’informations fiables. Une équipe de hackers parisiens a depuis quelques mois mis en place un virus capable de modifier le contenu des sites Internet. A l’origine, ces individus voulaient se venger d’avoir reçu une mauvaise note lors de leur examen de philosophie de la technique. Etudiants au campus virtuel de la Sorbonne, ils décidèrent de pirater les documents virtuels mis à disposition pour préparer les examens. Leur virus avait la propriété, par exemple, de modifier les dates clés de la biographie de certains auteurs, de changer quelques formules utiles en statistiques ou en physique. Il pouvait aussi changer quelques mots ou phrases de textes au programme dans le but d’induire en erreur les étudiants et les enseignants qui ont pour la plupart pratiquement abandonné tout recours aux livres en papier. Un des hackers interrogé, âgé d’une vingtaine d’années, avoua n’avoir « jamais ouvert un livre en papier. J’ai appris à lire sur un écran, et je conçois les bibliothèques comme des archaïsmes, à peine bonnes pour servir de musée. Nous savons que la société de la connaissance ne survivra pas à notre virus. A moyen terme, la suspicion sera portée sur toutes les informations des réseaux virtuels. Les campus immatériels, bien plus rentables que les anciennes universités, devront fermer, et nous pronostiquons un retour aux livres en papier en raison de leur fiabilité. Avec mes camarades, nous voulons la fin de cette civilisation. Que se passera-t-il quand l’information sera erronée, et que les humains découvriront qu’ils ne savent plus rien, qu’ils n’ont depuis une cinquantaine d’années sauvegardé sous format papier qu’une portion infime des nouveaux savoirs accumulés ? ». Nous avons réussi à interviewer récemment ce hacker, alors qu’il est recherché par les polices de toute la planète. Il s’inscrit dans une mouvance terroriste et anarchiste qui touche une large audience opposée à la société du simulacre et de la simulation.
Les hackers ont souvent une longueur d’avance sur la police, qui a pris conscience des dangers pour la société de laisser certains individus développer des virus informatiques extrêmement dangereux. Une nouvelle terreur plane sur les réseaux virtuels, qui pourraient du jour au lendemain perdre toute crédibilité si des virus du type de celui dirigé contre la Sorbonne s’attaquaient à la totalité des sites Internet. Que deviendrait l’Humanité si les informations étaient modifiées à l’insu de leurs auteurs, dans le but de provoquer le désordre, pour ne pas dire le chaos et la désolation. Céder à la panique serait une grave erreur. Si les scénarii les plus sombres sont envisageables, certains éditeurs ont déjà saisi l’opportunité pour réactiver la mode du livre en papier, le présentant comme un objet à la fois utile et décoratif. Posséder quelques ouvrages réels pourrait s’avérer utile si Internet devenait obsolète, même s’il serait souhaitable d’avoir recours à d’autres supports que le papier dans un souci écologique.
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