Depuis les années 2020, les logiciels prédictifs contribuent à la gestion des sociétés. Pratiquement tous les pays ont adopté cette technologie pour éliminer les défauts de leurs systèmes productifs, mais aussi pour lutter contre le crime et le désordre. Souvenons-nous des polémiques à l’époque de la diffusion massive de ces logiciels. Les gardiens des libertés individuelles redoutaient que les démocraties sombrent dans la dictature. Les résistants des dictatures craignaient d’être éradiqués par des systèmes coercitifs potentiellement diaboliques s’ils tombaient entre les mains de despotes.
Aujourd’hui, après environ cinquante ans de pratique, le bilan est relativement positif. Pratiquement tous les pays du monde sont devenus des démocraties, et le partage de données personnelles constitue une normalité grâce à Internet. Les logiciels prédictifs ont bénéficié de l’engouement pour les réseaux sociaux, et du souhait de la population de lutter contre le terrorisme. Les entreprises majeures d’Internet et des télécommunications ont été autorisées et même incitées à partager les données de leurs clients avec les forces de l’ordre. D’un commun accord, la transparence identitaire est devenue progressivement un outil pour combattre le crime.
Les logiciels prédictifs ont en effet permis de venir à bout du terrorisme islamiste. Les djihadistes en puissance ont été détectés et incarcérés avant même qu’ils mettent en œuvre leurs plans démoniaques. Les défenseurs des droits de l’homme craignaient les erreurs judiciaires, que des innocents soient condamnés à tort en raison de failles dans ces logiciels, ou d’une mauvaise utilisation par les forces de l’ordre. Mais il n’en fut rien. Grâce à la technologie, le nombre d’attentats a diminué, la paix est revenue dans des pays traumatisés par les attaques contre les symboles de la démocratie. Les terroristes auraient pu gagner s’ils avaient réussi à générer des dictatures en raison de la peur des citoyens. Mais il n’en fut rien, les démocraties trouvant le moyen de prévoir les crimes grâce à des logiciels et à Internet.
La prédiction s’est par la suite diffusée dans tous les secteurs de la société. Les consommateurs ont profité de ces logiciels, qui proposaient des services adaptés à leurs budgets et à leurs souhaits. Le marketing prédictif et le Big Data furent utilisés pour satisfaire au mieux les clients, et pour leur proposer des activités leur permettant de s’enrichir pour acheter des biens et services de leurs rêves. Les experts en sciences humaines ont même fait progresser la prospective d’une manière prodigieuse. Selon les fondateurs de cette discipline, les sociétés reposent sur des schémas et systèmes modélisables. Si la découverte de l’ADN a permis de réaliser des avancées prodigieuses dans le secteur de la santé, la prospective contribue désormais à définir les éléments récurrents des sociétés, et ainsi d’anticiper et de planifier au mieux les phénomènes. L’industrie agroalimentaire est aujourd’hui optimisée de telle manière que la faim dans le monde a été éradiquée. Les transports ont aussi été améliorés. Les voitures autonomes, par exemple, évitent les embouteillages. Le nombre d’applications des logiciels prédictifs est illimité et notre monde a été considérablement optimisé par ces innovations. Une limite demeure. Les représentant politiques ont jusqu’à maintenant refusé de laisser la place à des intelligences artificielles. Pourtant, certains logiciels prédisent régulièrement la mise en place d’une organisation dans laquelle l’humain n’interviendrait pratiquement plus au sommet de la société, cédant la place à des logiciels dont la vocation est d’instituer une démocratie pure et parfaite.
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