Les pompes funèbres ne cessent de se renouveler. Après la désagrégation luminescente des cendres d’un défunt, les grandes chaînes commerciales des services mortuaires proposent désormais un service étonnant ou comment nos chers disparus, et peut-être nous-mêmes, un jour, peuvent participer à l’aventure spatiale.
On le sait, le corps humain, une fois débarrassé de son eau et de la matière organique, ne pese plus que quelques livres de cendres de carbone et de phosphates (de 1,5 à 3 kilogrammes). La crémation est entrée dans les usages depuis près d’un siècle. Chaque famille a imaginé ses propres coutumes pour les urnes mortuaires et leurs contenus : dispersion des cendres, interdite, stockage domestique, dans les endroits les plus inattendus, oubli, quite à finir en cale de meuble… Pour finir par les usages liées aux hautes technologiques comme la désagrégation luminescente nanotech.
Cette fois-ci, le nouveau service que proposent les services funèbres ne cherchent pas à singer le surnaturel avec des moyens technologiques. Ce service est une invitation qui est adressée à chacun d’entre nous, terriens rampants, une invitation à faire corps, au sens propre, avec la construction spatiale. Le nouveau procédé ne change guère de la crémation courante : les cendres sont juste compactées en une briquette de quelques décimètres cube. Embarquée à destination des stations orbitales, ce petit solide noir et tant d’autres serviront là-bas de matières premières. Le carbone des briques sera utilisé pour la construction des structures, le phosphate ira dans les fermes hydroponiques afin d’offrir des fruits et légumes frais aux personnels embarqués dont le nombre ne cesse de croître… le phosphate aidera aussi à la fertilisation des jardins, aménagements autorisés avec l’inauguration des nouvelles générations d’anneaux de vie autour des stations spatiales.
Ainsi, bien que la mort demeure une angoisse existentielle, la perspective de participer activement à ce qui semble être la nouvelle grande aventure humaine peut, pour certains, apaiser cette finalité guère réjouissante. La mise en œuvre de ce service tient du vaste projet, quasi de la préparation d’un long périple en agence de voyage. Tout est à planifier : date du départ, pour ceux qui envisage une IVV (interruption volontaire de vie), nom du vaisseau, de la station de destination, du jardin pour les phosphates… Choix du type de structure pour les carbones… De quoi faire un bel album de voyage, non ?
© Olivier Parent
Voir dans FuturHebdo : Le 17/12/2057 : RIP
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