Montez à bord de votre voiture. Adressez-vous à l’organe de décision artificiel pour la démarrer. L’IA de votre véhicule vous aura identifié grâce à vos empreintes digitales sur le volant ou bien en scannant votre rétine ou bien encore en analysant le schéma veineux de votre visage à moins que ce ne soit, tout simplement en vous « reconnaissant » ! Peu importe. A l’instant même où vous donnez l’ordre à votre voiture de se rendre à l’adresse que vous lui avez indiqué, vous n’êtes plus maître de votre destin. A partir de cet instant, votre vie dépendant d’une succession d’algorithmes de très haute complexité. Ils président vos déplacements, qu’ils soient à bord de votre véhicule ou, comme des aiguilleurs du ciel, qu’ils régulent l’ensemble du traffic dans les zones les plus denses de nos villes ultra urbanisées.
Voilà quelques décennies, ces derniers systèmes se sont imposés au moment de l’arrivée en masse des véhicules autonomes, sur nos routes. La fonction principale de ces algorithmes a été de s’assurer de la compatibilité réciproque des IA de chacun des véhicules présents sur les routes.
Si vous roulez en Google, Facebook, Amazon ou en Apple car ou que votre voiture soit d’une marque plus traditionnelle, se pose en permanence la question : une intelligence artificielle peut-elle être objective ou bien reste-t-elle subjective, assujettie aux intelligences humaines qui l’ont conçue ? Les lois du marché, de la lutte entre les marques influencent-elles la nécessaire inter-opérabilité des IA ?
Entre d’autres termes : dans un réseau qui concentre des milliers d’automobiles autonomes, chaque véhicule sait-il interpréter de manière optimum les comportements et décisions des véhicules des marques concurrentes qui l’entourent afin que, en permanence, soit assurée la meilleure préservation de la sécurité des humains embarqués et qui circulent à proximité de ce réseau de transport ?
Du temps, pas si lointain, des voitures conduites par nous, humains, la circulation était de la responsabilité de chacun… Aujourd’hui, notre sécurité, que nous soyons passager ou piéton, dépend de subtiles décisions modifiées à intervalles de temps toujours plus brefs – évitons la notion de temps réel – qui pèsent les évènements en termes statistiques, loin de l’affecte et des considérations somatiques humaines. Ce qui se réglait à l’aide d’un simple constat amiable en cas de tôles froissées, ce qui était considéré comme la conséquence d’irresponsabilités humaines qui trouvaient éventuellement leurs sanctions au tribunal ou ce qui restait de l’ordre de la fatalité… Tout cela est bien fini : il faut désormais accepter que nos vies soient évaluées en termes mathématiques, en espérant que les machines se parlent et se comprennent. Il n’y aura personne contre qui se retourner, en cas d’accident. Victime, il faudra juste accepter que l’on ait pesé statistiquement moins lourd que les autres protagonistes du malheureux événement.
Pour peu que l’IA se mettent à prendre en compte des considérations extérieures à l’accident (tel humain pèse-t-il économiquement, politiquement, stratégiquement, artistiquement… plus ou moins lourd qu’un autre humain impliqué dans l’éventualité proche d’un accident), il n’y aura plus guère d’égalité sur nos routes… A moins que, en fin de compte, ce ne soient les lois du hasard qui reprennent les rênes des événements !
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