La CICP, la Commission Internationale de Conciliation sur les Déchets Maritimes pour le Pacifique a échoué à accorder les états limitrophes de l’océan sur la propriété de ce qui est devenu aussi bien une curiosité écologique qu’un enjeux en matière de ressources. Longtemps considéré comme une source de pollution majeure, le “Continent de plastique” attire aussi nombres de villes flottantes armées par des entreprises prêtes à revendiquer cette ressource.
Mais ce sont bien les enjeux écologiques qui compliquent la résolution diplomatique et amiable de ce cas unique dans les anales de l’humanité : les déchets flottants issus des activités humaines se sont concentrées dans le Pacifique comme dans d’autres océans. La taille du Pacifique et les dernières modifications des courants maritimes ont permis l’apparition un vortex de quelques 1500 kilomètres de diamètre, situé au nord d’Hawaii. Coincé entre les courants tropicaux. Au sud et le golf d’Alaska au nord. L’est est fermé par les côtes américaines et canadiennes. L’arrivée des eaux froides en provenance de l’arctique se faisant, à l’ouest, par le détroit de Béring avant que ce courant froid ne se précipite dans le vortex pacifique nord-est (VPNE). Des scientifiques tentent de modéliser la situation nouvelle pour anticiper l’apparition d’un vortex similaire dans d’autres parties du Pacifique ou dans d’outrés océans. Mais pour le moment, le VPNE demeure unique.
Le VPNE est tellement unique qu’il a donc solidifié ce qui n’était qu’un flot continue mais tenu de déchets artificiels, concentration qui a permis à la vie de reprendre ses droits : des algues de roches se sont mises à proliférer au beau milieux du Pacifique. La concentration provoquée par le vortex et la putréfaction de cette matière organique accumulée ont apporté le substrat nécessaires à l’apparition des plantes… et une île flottante est née.
Garbage Island, Artificial Island, Plastic Continent… peu importe le nom que l’on donne à ce phénomène, donc, cette masse flottante d’un diamètre d’environ 15 kilomètres – elle gagne une centaine de mètres de diamètre par an et s’élève d’un cinquantaine de centimètres de plus au dessus du niveau de la mer sur la même période – existe en tant que telle depuis une vingtaine d’années et accueille, surtout, une biodiversité en nette explosion.
Mais les hommes ne peuvent pas débarquer sur le continent de plastique : le sol reste trop fragile. Seuls des arbustes y poussent, seuls des oiseaux et des petits animaux, à sang chaud aussi bien que froids, y ont élus domiciles. L’humanité doit se contenter d’observer ce phénomène au travers des yeux artificiels de drones volants ou au travers de ceux de petits robots qui se fondent dans un paysage de marigots.
Mais que faire de Garbage Island ? Les pays limitrophes du phénomène ne cessent d’interroger la communauté internationale ; les conjonctions climatiques qui ont permis l’apparition du VPNE pourraient bien disparaître entraînant immanquablement la dislocation du continent de plastique et jetant, une nouvelle fois, ces déchets au hasard des courants, au risque de le voir se déverser sur des plages pleines de touristes. Mais le phénomène ne cesse d’etonner Les milieux scientifiques, ce septième continent étant une preuve éclantante de la capacité de résilience de la nature.
On se dirige donc vers un procès international qui opposera associations de défense de la cause animale et scientifiques soucieux de la protection de la biodiversité à des gouvernements qui cherchent à se préserver d’une pollution sans responsables qui auraient à prendre en charge les dommages causés et à des industriels prêts à se saisir d’une source de matière substantielle et accessible à bas coûts. Ce procès, s’il a lieu, aboutira sans nul doute à de nouvelles jurisprudences sur la responsabilité des déchets de l’humanité.
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