Peu à peu, le piratage maritime ne se limita plus au Golfe d’Aden et au Détroit de Malacca ; il s’étendit progressivement au Golfe de Guinée, aux mers des Caraïbes, à la Méditerranée, au Golfe arabo-persique et aux grands larges d’Asie centrale et méridionale. Ce phénomène profite amplement aux compagnies d’assurances et aux sociétés militaires ou sécuritaires privées devenues incontournables et trop heureuses de facturer leurs services anti-piratage à des prix faramineux… Sans pour autant réellement endiguer le mal.
Combattre autant de vaisseaux pirates sur toutes ces zones maritimes relève d’une tâche herculéenne voire d’une mission impossible pour les onéreuses et lourdes flottes de guerre. D’où le recours à des véhicules intelligents robotisés spécialisés dans la surveillance maritime et la lutte anti-piratage, supervisés et/ou contrôlés depuis la terre ferme ou par un navire de surface. D’où leur surnom : drones de croisière.
Codéveloppé par des firmes chinoises, coréennes et nippones d’aéronautique et d’électronique militaire, le DragonEye est un AWACS miniature (envergure : 15 m, longueur : 8 m) aisément reconnaissable par son antenne radar en forme de disque pivotant surplombant sa carlingue. Ce drone décolle et atterrit verticalement sans la moindre aide extérieure, stationne dans les airs pendant plus de 48 heures d’affilée et peut être ravitaillé en vol. Grâce à un prix compétitif, à une technologie plutôt facile d’entretien et à son moteur au biocarburant très peu gourmand, cette merveille volante s’est vendue à plus de 6500 unités de par le monde. Du fait d’une architecture ergonomique aisément démontable, il devint un remarquable outil supplémentaire de projection pour des porte-avions et des frégates. Des concurrents robotiques plus ou moins identiques conçus par d’autres consortiums comme le BluEye (États-Unis, Europe, Israël) et l’hydravion SharkEye (Afrique du sud, Brésil, Inde) totalisent à eux deux plus de 4200 unités vendues.
Cette intelligence artificielle volante est à la fois un drone-radar et un poste de communication et contrôle recherchant, repérant et ciblant des embarcations pirates ou suspectes grâce à ses propres instruments de veille et détection et grâce aux données fournies par d’autres drones aériens ou marins de patrouille et d’intervention rapide (DPIR). L’arsenal des DPIR comprend des radars, des systèmes opto-électroniques de recherche et d’identification, des mitrailleuses, des micro-missiles air-mer/air-sol/mer-mer, des micro-torpilles et diverses armes non-létales (plus souvent utilisées que les autres). En cas de suspicion ou d’alerte, celle-ci est automatiquement transmise au DragonEye qui coordonne puis oriente d’autres DPIR vers les cibles désignées. L’aérobot-radar se connecte également aux serveurs d’organismes dédiés à la navigation maritime et au commerce international (armateurs, transporteurs, compagnies d’assurances, etc) de par le monde afin de déterminer la nationalité, la route et la cargaison d’un navire.
Au final, de nombreux petits pays disposent désormais d’une aéronavale robotisée de poche effectuant des missions de garde-côtes, de lutte anti-piratage et/ou de défense du territoire. L’industrie de l’armement ne s’en plaindra certainement pas.
© Charles Bwele
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