Petit retour en arrière : au début des années 2000, deux événements impactent aujourd’hui, notre conception de l’identité de la personne humaine : A cette même époque, aux antipodes de la planète, on reconnaissait l’existence légale, avec inscription à l’état civil, d’un foetus non né (France, janvier 2008) et on débattait, en 2004, à Sydney, de l’éventualité d’une grossesse au moyen d’un utérus artificiel,au cours d’un congrès médical.
Retour à aujourd’hui : vendredi 25 juin 2060, la Cour Européenne de Justice, à l’incitation de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, reconnait l’existence légale d’un individu après 12 semaines de développement, en cas de grossesse par utérus artificielle. Ces 12 semaines s’harmonisent avec les délais légaux d’avortement en Europe. Mais il aura fallut cinquante années pour comprendre et intégrer socialement cette nouvelle évolution dans les modes de procréations mis à la disposition des futurs parents.
L’utérus artificiel est plus qu’une révolution. Accueilli comme une libération par une forte majorité des femmes, la communauté homosexuelle masculine s’en est aussi emparée : l’utérus artificiel permet aux futurs parents, gays ou hétéro, de s’impliquer dès les premiers jours du développement de l’embryon en le faisant « participer » à la vie de ses futurs parents : par la voix, en lui faisant écouter de la musique, en lui parlant… Plus que tout ce que l’enfant porté par la mère recevrait comme stimulations, de manière unilatéral, ajoutent les promoteurs de l’utérus artificiel : « l’enfant à naître entend et reçois autant de ses deux parents. Pas de prééminence de la mère porteuse… »
Longtemps, l’enfant développé en utérus artificiel était « reconnu » au moment de sa sortie, une fois le cordon ombilical sectionné, on ne parle pas, dans ce cas, d’accouchement. Mais, il existait une distorsion inaceptable entre un individu conçu et développé intra-utéro et un autre au moyen de l’utérus artificiel. Cette distinction n’est plus. L’individu existe, au yeux de la loi, dès 12 semaines, sans regard sur les moyens de la conception. On se rappellera des débats autour de la reconnaissance de l’humanité du clone de l’homme. Cet argument de l’humanité sans regard sur les moyens de conception avait déjà été avancé… avec moins de succès. Qu’en est-il alors d’un individu, conçu par clonage reproducif et développé en utérus artificiel ? Est-ce là un moyen de leur donner la reconnaissance légale qui tarde à leur être accordée ?
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