Humanité et déchet : je t’aime moi non plus ! | Nekomix #04 | 04/03/2069

Olivier Parent 1
Humanité et déchet : je t’aime moi non plus ! | Nekomix #04 | 04/03/2069

Olivier a été invité par la rédaction de Nekomix (www.nekomix.com) à analyser les scénario des BD du numéro 10 du fanzine. Il en a résulté la production de 9 textes de journalisme prospectiviste, tous illustrés avec talents.

Ces textes essayent de traiter des questions et des njeux autour de la transmission de la connaissance à l’épreuve du temps long, de certaines étapes vers la conquête de l’espace et les voyages dans le système solaire, de la virtualité, des prothèses biomécaniques, l’usages que l’on pourrait faire des déchets que produisent l’humanité, l'(in)évitable concurrence entre humains et IA, notre rapport à la réalité au travers des outils que nous offre la technologie et le choc de la physique quantique…

Bon voyage dans ce premier texte et merci à Pierre pour sa très belle illustration (zibasecret.ultra-book.com) !

 


A l’aube du XXIIème siècle, l’aventure spatiale pourrait enfin devenir “respectable”, dans l’esprit de frugalité qui a piloté le développement de la planète, au cours du siècle qui vient de s’écouler.

La conscience écologique planétaire, née au début du XXIème siècle, n’a pas empêché ce qui a été nommé “la Fuite”, c’est à dire les premières étapes de l’industrialisation de l’espace, industrialisation issue de la privatisation de l’industrie spatiale. C’est la fin du statut international de l’ISS, International Space Station, qui avait ouvert le bal de ce qui fut comparé à la Ruée vers l’or du XIXème siècle. Cette Ruée vers l’espace a vite été assimilée à une fuite de moyens tant matériels que financiers ou même humains. C’était autant de ces ressources qui n’étaient plus disponibles pour le reste de l’humanité qui restait sur le plancher des vaches et qui devait coûte que coûte relever les défis climatiques et énergétiques.

L’industrie spatiale eu beau promettre tous ses grands dieux que la Terre bénéficierai des avancées technologiques et des ressources et productions issues de l’espace… rien n’y fit : les terriens restèrent suspicieux à l’égards des spaciaux d’autant plus que ces mêmes spaciaux tardèrent à renvoyer vers la Terre les fruits de ses promesses… Le divorce entre la Terre et l’espace fut consommé avant même les années cinquante.

Les spaciaux, retranchés sur Mars ou dans les stations spatiales en orbite de la Lune ou de Mars, se firent de plus en plus discrets… pendant que, sur Terre, les énergies se rassemblèrent pour sauver une humanité victime de dérèglements climatiques de plus en plus violents et dans l’obligation de relever des défis énergétiques et démographiques à la limite de leurs capacités. Il fallut développer un nouveau modèle économique planétaire, acceptable par la majorité des nations, surtout celles qui sortant de phase de développement, attendaient avec une certaine frénésie de faire bénéficier à leurs populations les joies de la modernité et de la consommation.

Les cargaisons promises par l’espace tardant à venir… la Terre appréhendée comme un système clos, aux ressources limitées s’imposa enfin. Et une industrie naquit : celle du recyclage.

Si une politique planétaire de maîtrise de la démographie (contrôle des naissances) ne fut jamais acceptée par les nations terriennes, chacune considérant sa population comme une richesse à la mesure d’une ressource minérale… le développement du recyclage à l’échelle industrielle et planétaire devint vite un facteur de croissance, dans l’ancien entendement, celui de la création de richesses, tout en servant le développement d’une culture de la frugalité tant au plan comportemental que technologique.

A cette époque, partout sur la planète, l’école remplit à merveille son rôle d’éducation et de “fabrication” des consciences des futurs citoyens qui, dans un premier temps, furent surtout les prescripteurs des nouveaux comportements, au cœur des familles. Cet élan en faveur des changements d’habitudes de comportements et de consommation fut porté par le développement des technologies dites “nano-tech”, c’est à dire à l’échelle du nanomètre, à l’échelle de l’atome. Ce furent les ordinateurs quantiques qui, en quelques décennies, mirent à la disposition de tous des appareils informatiques nécessitant bien moins de ressources minérales, ce furent les batteries à nano-condensateurs qui permirent des usages électriques équivalents aux performances des moteurs thermiques, ce furent ces mêmes nano-technologies qui permirent l’amélioration de facteur 4 à 5 des rendements de conversion des panneaux solaires… La liste des innovations issues des nano-tech est encore longue.

Le plus important est la convergence de ces technologies sobres en matières premières avec le développement de l’industrie du recyclage. En quelques années, ce qui longtemps n’avait été que  déchets, charge sans valeur, tant économique que morale, polluant jusqu’au moindre recoin de la planète, devint la principale ressource à exploiter à la surface de la Terre. L’IA venant assister l’humanité dans la chasse à cette ressource dont nombres de gisements étaient non officiels, à la chasse aux décharges sauvages qui, devenues ressources industrielles, valaient le coût d’un traitement.

Même si la guerre pour sauver la biosphère et la biodiversité n’est pas encore gagnée, les signes sont positifs. Reste le problème de la démographie : allant à l’encontre de toutes les prévisions, la population mondiale ne cesse de croître, même si elle le fait à un rythme qui tend à se ralentir. Mais, l’histoire du XXIème siècle est là pour rappeler qu’une explosion démographique est toujours à craindre… risquant de mettre à mal le fragile écosystème qui s’est développé autour de l’exploitation industrielles des déchets de la consommation des siècles précédents.

La frugalité ayant été développée en évitant l’écueil de la décroissance, l’humanité peut une nouvelle fois tourner les yeux vers l’espace pour aller y chercher les ressources qui lui manquent : la Terre est et restera un système clos aux ressources limitées.

 

 


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