L’éducation a été révolutionnée ces dernières années par l’émergence des intelligences artificielles et des métavers. Les écoles telles que nous les connaissions jusque dans les années 2020 ont fermé, remplacées par des cocons d’immersion qui se trouvent dans les chambres de nos chères petites têtes blondes. Les enfants et les adolescents passent environ trois heures par jour à assimiler des connaissances en mode immersif. Connectés au métavers, ils fréquentent des intelligences artificielles prenant la forme d’avatars hyperréalistes s’adaptant à leur niveau et programmés pour les faire progresser au mieux. Les professeurs humains, particulièrement coûteux, ont donc été remplacés par ces IA, qui ont réponse à tout et sont dotées d’une intelligence intuitive phénoménale capable d’accroitre les compétences psychosociales ainsi que les connaissances théoriques et la culture générale des élèves. Si elles ont pour mission d’inculquer un certain nombre de savoirs communs à tous les élèves, ces derniers sont aussi acteurs de leur éducation. Ils peuvent imaginer, donner libre cours à leur créativité, et sont incités à créer des œuvres dès le plus jeune âge. Trois heures d’immersion éducative sont suffisantes selon les experts en pédagogie et en psychologie. En effet, une vie virtuelle trop longue pourrait être préjudiciable à la vie psychique des plus jeunes. Toutefois, elle est nécessaire pour les habituer à une vie connectée qui sera le lot quotidien de la plupart d’entre eux à l’avenir. Notons toutefois que la plupart des emplois traditionnels ont disparu, remplacés par les IA. Par exemple, les professeurs ont été remplacés par des machines. Dans notre société post-travail, il convient de former nos jeunes à acquérir des connaissances, mais aussi une vision de l’existence positive et durable, susceptible de les orienter vers des modes de vie adaptés à une coexistence pacifique et équilibrée entre les individus. Il a été prouvé que les IA œuvraient pour faciliter la vie des humains. En supprimant nombre de tâches laborieuses provoquant souffrance et misère humaine, elles ont libéré du temps aux individus, désormais rémunérés confortablement pour vivre paisiblement pendant toute leur existence. De même, le métavers, en reposant sur l’immersion virtuelle de l’humanité, a eu pour vertu de purifier l’esprit humain de ses névroses. Déjà, dans les années 2010, on utilisait cette technologie pour soigner des pathologies psychiques, comme les phobies. Avec la systématisation de l’immersion dans les métavers, des experts ont pu mesurer un apaisement des tensions entre les humains, une diminution des conflits et de la violence sur Terre. S’il est possible de rencontrer d’autres humains dans le métavers, la connexion avec des IA permet aussi de communiquer avec des altérités adaptées à ses désirs et non conflictuelles. Le revenu universel délivré à chacun permet de subvenir à ses besoins. La production des biens et services est assurée par des robots et des IA. La plupart des services tertiaires sont ainsi remplis par des chatbots, très élaborés, ayant réponse à tout.
Dans ce monde purifié et dans lequel l’humanité est enfin libérée de la plupart des tâches laborieuses, un grand nombre de nos jeunes passent ainsi le reste de leurs journées à effectuer des activités sociales ou écologiques. La tendance actuelle consiste à pratiquer des jeux de réalité augmentée, leur permettant d’aller à la découverte de la société, tout en assimilant de nombreuses connaissances historiques, géographiques, économiques, etc., surimprimées sur leurs lentilles connectées. L’activité physique est cruciale pour l’être humain. C’est la raison pour laquelle le plus grand nombre d’individus pratique chaque jour entre deux et trois heures de sport, sous forme récréative pour la plupart. De même, après que la Terre a beaucoup souffert de la pollution liée aux dérives du mode de production productiviste et industriel, il convient de panser les plaies de notre belle planète. Les individus œuvrent chaque jour pendant au moins une heure à la restauration de l’environnement, contribuent à dépolluer la Terre, à entretenir les écosystèmes pour faire de notre planète un endroit purifié et agréable à habiter.
L’éducation promet désormais de passer une nouvelle étape. En effet, les logiciels de neuroprogrammation promettent d’inculquer les savoirs directement dans le cortex des individus. Des puces minuscules implantées dans le cerveau des individus permettent la connexion des neurones à des systèmes d’apprentissage confectionnés par des IA. Ainsi, il sera possible d’apprendre à jouer au football, à peindre des tableaux superbes, ou à jouer au piano comme un virtuose en quelques minutes, grâce à cette technologie. Le slogan de SynApps est le suivant : « Chacun d’entre nous peut devenir un génie ». L’entreprise qui a développé la neuroprogrammation promet à chacun de ses clients de pouvoir devenir aussi doué que les individus les plus performants de leur spécialité. Dès lors, l’existence deviendra bien plus agréable. Quoi de plus troublant que de faire des fausses notes lors de la pratique d’un instrument ? Quoi de plus frustrant que de dessiner ou de peindre de vulgaires croûtes alors qu’avec quelques minutes de neuroprogrammation, il est possible de maitriser à la perfection les techniques des plus grands maitres de l’histoire de la peinture ? Avec SynApps, il est désormais possible d’acheter des applications synaptiques, qui inculquent les compétences dans un grand nombre de secteurs. Cette technologie, dérivée de l’IA, promet d’adapter l’humain à un monde de plus en plus complexe, où la médiocrité et l’ignorance n’ont plus leur place.
Face à ces progrès phénoménaux réalisés depuis une trentaine d’années, quelques voix passéistes refont régulièrement surface. Les traditionalistes et les critiques du progrès technique regrettent les professeurs humains, les rapports du maitre à l’élève, et la transmission du savoir dans les écoles traditionnelles. Les écoles du passé ont été remplacées par de nouveaux espaces de socialisation où les jeunes peuvent s’adonner à des activités sociales de tous ordres. Ces lieux ont été bâtis sur le modèle des parcs d’attractions. On s’y adonne à de multiples pratiques, physiques, culturelles, spirituelles, religieuses, dans le but de devenir un individu bon et altruiste. Dans cette société, où les besoins sont assouvis par les machines, la compétition entre les êtres n’existe plus. D’ailleurs, les individus souhaitant être plus productifs que les autres, cherchant à dominer leurs congénères, sont généralement soumis à des cures de thérapies virtuelles visant à les purger de ces pulsions négatives. Les résultats sont plutôt encourageants, puisque nos sociétés sont devenues bien moins violentes. L’agressivité est toutefois tolérée dans les pratiques consacrées au défoulement, où des activités expiatoires visent à purger la société et les individus de leurs tendances belliqueuses. Les Jeux Thanatologiques ont ainsi lieu à chaque changement de saison et provoquent l’explosion de la violence et de la frustration de chacun. Il a toutefois été prouvé qu’un grand nombre de névroses étaient liées à la frustration accumulée pendant les années d’éducation. Ainsi, notre nouveau système reposant sur l’IA, l’immersion virtuelle et la neuroprogrammation crée des êtres plus équilibrés, susceptibles de gérer un monde meilleur, plus durable et plus humain.
Crédit image : Gerd Altmann de Pixabay
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