Ces encres permettent une nouvelle expérience du tatouage : celui-ci devient évolutif, à un rythme d’environ 10% de modification par heure. Trois paramètres sont pris en compte dans cette illusion de vie acquise grâce à des nanorobots chromofères (du grec chromo, couleur, et du latin ferere, porter) : c’est, d’une part, le dessin original composé par le talent du tatoueur, d’autre part, l’humeur de celui qui porte le tatouage, et, enfin, la programmation donnée aux nanorobots.
Les R-nanoT chromofères sont, en effet, dotés de programmes comportementalistes qui, analysant le terrain hormonal du porteur de tatouage, vont appliquer des stratégies modifiées, issues du monde des insectes. Ils déplacent ainsi des vésicules microscopiques de pigments, dans le tissu sous-cutané. Adrénaline, endorphine, progestérone, testostérone et autres phéromones… Toutes ces substances que sécrète notre corps au long de la journée deviennent des notes qu’interprètent des armées de R-nanoT, comme les fourmis le font naturellement, coordonnant ainsi leurs mouvements. Les modifications apportées par la programmation font apparaître des motifs, à l’échelle humaine.
Les fabricants annoncent déjà les encres de deuxième génération : on pourra les reprogrammer au gré de son humeur, festive, belliqueuse, séductrice, voire érotique… La palette de création est infinie. Les fabricants garantissent que jamais le même motif ne se retrouvera sur deux personnes différentes. Dernière qualité de ces encres : elles sont effaçables. Plus précisément, quand le client veut effacer un tatouage, deux solutions s’offrent à lui : soit attendre l’élimination naturelle des R-nanoT, soit ingérer un inhibiteur, c’est-à-dire une solution chimique qui donne l’ordre aux R-nanoT d’arrêter leur travail. Corollaire à cet état de fait, celui qui veut garder sur une plus longue période son tatouage, devra alimenter celui-ci en R-nanoT.
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