Image par Jacques GAIMARD de Pixabay
Une production Le Comptoir Prospectiviste
La fin du premier trimestre 2021 approche et, pour la plupart des peuples de la planète, le confinement dû à la pandémie de Covid-19 fait toujours partie de leur quotidien.
Au cours des douze derniers mois, rien ne s’est déroulé comme prévu : les sur-contaminations se sont enchaînées dans tous les pays du monde conséquence, d’une part, des comportements des citoyens qui bravent les mesures de confinement, en France comme ailleurs et, d’autre part, conséquence des mutations génétiques du SRAS-Cov-2 qui se sont enchaînées alors qu’en 2020 le virus avait été annoncé stable…
C’est ainsi que la planète, l’Europe et la France se préparent à fêter sa première année de confinement contre la propagation du Covid-19. A cette étrange occasion, on peut s’autoriser une question tout autant étrange et ce même si elle dérange : le confinement n’est-il qu’une calamité pour l’humanité ?
Une chose est sûre : le monde est toujours sur pied, n’en déplaise aux collapsologues et autres cassandres de tout poil. Et la Nature semble remercier l’humanité de ce ralentissement inattendu des activités humaines en multipliant les manifestations d’une résilience insolente : croissance des populations, rémission de milieux que l’on croyait perdus, cohabitations inattendues en milieux urbains…
Une autre chose est sûre : après un an de confinement, le monde n’est plus vraiment le même. Il s’est imposé un régime de frugalité drastique. Ce constat n’empêche pas nombre de dirigeants, et pas parmi les plus nationalistes, se réjouir de voir les entreprises de leurs territoires réorganiser leurs lignes de production et leurs chaînes logistiques pour moins dépendre de moyens industriels à bas coût mais situés à l’autre bout de la planète. Partout, des petits producteurs se réjouissent aussi de pourvoir aux besoins d’une clientèle de proximité : les circuits courts, pilotés aussi bien par le bon sens que par la technologie, semblent eux aussi sortir vainqueurs de cette année de confinement. Les élans de solidarité qui sont nés au plus haut de la crise semblent redonner aux citoyens goût à la démocratie. Ces mêmes individus intègrent à leur quotidien les gestes issus du confinement bien que, objectivement, tout cela reste encore fragile : généralisation du télétravail, dématérialisation des procédures, abandon d’un deuxième ou troisième véhicule familial, utilisation croissante des transports en commun, modifications des habitudes alimentaires…
Cependant, ce tableau n’est pas pour autant rose : en France, comme ailleurs, les violences faites aux personnes ont vu leurs nombres exploser au cours de cette année, de même que les plans sociaux qui se sont succédés avec une inélégance croissante. Il aura fallu aux chaînes d’approvisionnements alimentaires cette année entière pour se réorganiser afin d’éviter définitivement tout risque de pénuries… Et, surtout, l’état a dû réinvestir ses fonctions dues à ses citoyens pour permettre à tous de vivre dans des conditions exceptionnelles qui désormais sont quotidiennes. On peut citer le revenu universel, mesure décriée il y a peu encore, qui s’est imposé pour permettre à tous de survivre à la crise. D’autres mesures moins populaires ont été également mises en application comme le contrôle numérique des déplacements des citoyens. Dans le même mouvement, les assureurs en ont profité pour imposer les montres connectées pour la surveillance de la santé de leurs clients et de leurs bénéfices…
Face à ce bilan social mitigé, le monde a aussi irrémédiablement changé à l’échelle de la planète. Des hégémonies industrielles ont été balayées. Boeing est un cas emblématique, passé de fleuron de l’industrie américaine à entreprise mise sous tutelle du gouvernement fédéral américain. Le monde a aussi vu certaines influences évoluer. Ainsi, la Chine paye aujourd’hui les conséquences d’une méfiance à son égard qui s’est développée à l’échelle de la planète : son comportement calculé à la mesure de sa politique intérieure a empêché la communauté internationale de prendre la juste mesure de la situation en temps voulu. Dans d’autres pays, des politiciens ont également fait les frais de la crise du Covid-19 quand des élections tenues pour acquises ont vu arriver au pouvoir des outsiders.
Mais, au cours de la crise du Covid-19, le monde pourrait avoir perdu bien d’autres choses comme, par exemple, ses élans et ses enthousiasmes en matière de sciences. En effet, une des conséquences de la crise du Covid-19 est la réduction des moyens financiers, donc humains et technologiques, mis à la disposition de la recherche, hors recherches dans la lutte contre le coronavirus. Elon Musk s’est fait le chantre de ce refrain, imputant au Covid-19 les échecs subis par son entreprise, Space-X, dans la mise au point du lanceur qui doit ramener l’humanité vers la Lune… Mais, une relecture des faits met en lumière que les problèmes de l’entreprise spatiale d’Elon Musk étaient antérieurs à la crise du Covid-19, et surtout liés à des choix technologiques discutables. Mais, Musk est suffisamment opportuniste pour surfer sur la vague du Covid-19 à son avantage… Une chose est cependant réelle : les carnets de commandes des industriels de l’aéronautique et du spatial ont bien fondu au cours de l’année écoulée, mettant à genou nombre d’entreprises florissantes.
Alors, le confinement Covid-19 : plaie, comme une onzième plaie d’Egypte, ou chance pour l’humanité ?
Ce rapide tour d’horizon montre que la situation ne peut pas être analysée de manière manichéenne : en effet, dans toute aventure humaine, il y a des perdants et des gagnants. On peut juste espérer que le caractère exceptionnel de la situation n’engendre de nouvelles inégalités comme, par exemple, une élite richissime qui chercherait à s’extraire égoïstement à la loi courante au nom de la survie de la culture et de la civilisation humaine… et il ne faudrait pas que l’humanité ai perdu le droit de rêver, sur Terre ou au-delà de la géosphère, les yeux tournés vers de nouveaux horizons, qui même s’ils paraissent aujourd’hui, inatteignables, le seront demain, par les générations à venir ! Le monde du jour d’après le confinement reste à être écrit !
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