Environ 3300 avant J.-C., l’invention de l’écriture marque le passage de sociétés de traditions orales à celles de l’écrit. 4800 ans plus tard, c’est la démocratisation du savoir qu’annonce la diffusion de l’imprimerie en Europe. 550 années de plus font apparaître une nouvelle rupture que notre monde n’a pas fini de digérer : les premières dispositions gouvernementales qui rendent l’apprentissage de l’écriture manuscrite optionnelle. A peine deux générations plus tard, un nouveau mode de moyen de diffusion de l’information est en train de, à nouveau, bousculer les cartes : la commande mentale.
Narrateurs, manuscriptants, tapuscriptants, mentascriptants… Quatre rapports à l’information, quatre technologies radicalement différentes : la mémoire biologique, le livre, la mémoire indexée et la convergence homme-machine.
On a pas de documents qui relatent les réactions consécutives à l’invention de l’écriture… On sait juste qu’elle est accompagne la constitution des premiers empires de l’Histoire… Cette écriture, avant de prendre ses formes modernes, va s’essayer à plusieurs manières, au risque de quelques cul-de-sac ! Plus tard, la pensée non-conventionnelle saisi vite tout l’intérêt que l’on pouvait tirer des livres imprimés. Leur diffusion correspond à l’émancipation de la bourgeoisie et du protestantisme, dans la vieille Europe. Écrite, lire était synonyme d’humanisme. L’invention de l’imprimerie et du caractère mobile ouvrait la porte au Siècle des Lumières et aux Encyclopédistes…
Au début de l’an 2000, quand Internet et les ordinateurs se diffusent, personne ne perçoit la prochaine rupture que ses technologies portent en leur sein : l’abandon de l’écriture manuscrite au profit du clavier, qui n’est pourtant pas la plus intuitive des interfaces. Le début de cette transition culturelle va coïncider avec l’accélération de l’appauvrissement des classes moyennes des pays industrialisés ou qui étaient en train de le devenir. Cette concordance porte longtemps le discrédit sur cette transition : les populations tapuscriptantes se comptant majoritairement parmi les classes sociales les pauvres modestes ou en voie d’appauvrissement.
Deux générations plus tard, il n’y a plus de débat d’autant que les derniers manuscripteurs voient les tapuscripteurs rallier leurs rangs. Ils sont à leur tour inquiets : ils voient de la montée inéluctable des mentacripteurs, ceux qui refusent toute autre interface avec la machine, l’ordinateur sous toutes ses formes, que leur seule pensée volontaire…
S’il faut toujours un coucher pour réussir… faut-il savoir écrire, à la main ou au clavier, pour avancer dans la vie ? Peut-on tout faire, tout apprendre, tout dire par commande mentale, en mentascriptant ? Et si cette nouvelle transition dans les moyens et manières de l’apprentissage et de la comminication était la vraie singularité annoncée à par feu les Transhumanistes, au début du siècle ?
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