Chères Babylones – villes rêvées de l’apocalypse de Alain Musset | Sérendip Editions

Olivier Parent 0
Chères Babylones – villes rêvées de l’apocalypse de Alain Musset | Sérendip Editions

Christian Gatard l’a rencontré. Un premier échange au cours d’une présentation organisée par Sylvain Allemand, son éditeur, dans la Galerie Wagner 19 rue des Grands Augustins, à Paris et le ton était donné. Alain Musset est des nôtres. Souriant, savant, vibrant. Alain est ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de géographie et membre honoraire de l’Institut universitaire de France. Ses travaux portent sur la ville, avec des années de terrain en Amérique du Sud et une passion les villes imaginaires en particulier les villes de science-fiction.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Musset
Sur le site de l’éditeur : https://serendipeditions.fr/notre-catalogue/cheres-babylones

Chères Babylones – villes rêvées de l’apocalypse

La ville contemporaine, saturée d’imaginaires catastrophiques, peut-elle encore incarner une promesse d’émancipation collective ? Alain Musset s’empare du sujet avec gourmandise dans notre entretien.  Il refuse la séparation entre fiction et réalité, estimant que la science-fiction prolonge son travail géographique sur les dynamiques urbaines. Il introduit le concept de « syndrome de Babylone » pour désigner le rejet culturel de la ville, perçue comme lieu de corruption et de chute. La science-fiction contemporaine réactive ce rejet.  Les récits d’apocalypse dénonçent le capitalisme mondialisé et l’Anthropocène. Alain s’interroge sur l’efficacité critique de ces récits, souvent marqués par une « délectation morose ». Certaines fictions ouvrent toutefois des perspectives alternatives fondées sur la justice sociale et la cohabitation inter-espèces. Alain souligne l’influence indirecte de ces récits sur l’urbanisme contemporain, entre utopies technologiques et projets autoritaires. Les villes du Sud, souvent stigmatisées, sont aussi décrites comme espaces de résilience. Il appelle à repenser l’urbanité avant l’effondrement. Entretien passionnant et passionné prolongé par un échange par mail ici reproduit.

  • Alain Musset, vous êtes géographe, ancien maître de conférence à l’Université de Paris X-Nanterre… vous avez été membre du conseil scientifique du Pôle Amérique du Ministère des Affaires étrangères français et du Conseil scientifique de l’Institut des Amériques. Vous êtes membre honoraire de l’Institut Universitaire de France…a priori votre champ d’expertise est le monde réel… pourtant vous publiez un ouvrage étonnant sur les villes rêvées de l’apocalypse. Comment avez-vous opéré ce passage ?

En fait, j’ai toujours étudié le même objet, la ville, mais en changeant sans cesse de regard, d’échelle, de méthode ou de terrain. J’ai débuté mes recherches en thèse dans une perspective historique et environnementale en travaillant sur le drainage des lacs de Mexico organisé par les conquérants espagnols pour se protéger des inondations qui frappaient régulièrement la cité qu’ils avaient bâtie sur les ruines de l’ancienne Tenochtitlán. 

J’ai continué avec une longue enquête sur le déplacement des villes en Amérique hispanique, déplacements provoqués par des catastrophes, des guerres, des révoltes indigènes, des attaques de pirates ou des bouleversement d’ordre économique. Depuis plusieurs années, avec mes collègues de l’Université de Nanterre et en collaboration avec plusieurs universités et centres de recherche d’Amérique latine, je m’interroge sur  la problématique de la justice sociale et spatiale dans les métropoles contemporaines. Je tiens enfin à préciser que, en tant que géographe spécialiste des mondes urbains, je m’intéresse bien sûr à l’inscription spatiale des faits sociaux mais aussi aux relations ambiguës qui s’établissent entre les lieux physiques, les représentations sociales et les imaginaires.

Travailler sur les villes de science-fiction n’est donc ni un reniement, ni une reconversion professionnelle : c’est la continuation du même projet sur d’autres terrains. A l’origine de mes Chères Babylones il y a deux déclics. D’abord, grâce à l’immense production littéraire lié à l’univers Star Wars (dont je suis fan), j’ai pu vérifier que les villes qui n’existent pas, ou pas encore, ou pas  comme on les connaît, ont autant à dire sur notre monde que les villes réelles : il suffit de leur poser les bonnes questions. Ensuite, en 2012, la frénésie apocalyptique qui s’est emparé du monde occidental avec les soi-disant prophéties du calendrier maya qui prédisaient la fin du monde pour cette date m’ont incité à croiser plusieurs de mes axes, thèmes et terrains de recherche : les mondes américains, les cultures précolombiennes, l’étude des catastrophes, l’environnement, la justice, la science-fiction et la ville. J’ai donc à cette époque publié chez Armand Colin une première version de mon ouvrage en le plaçant sous le signe d’une nouvelle discipline : Le syndrome de Babylone. Géofictions de l’Apocalypse

Finalement, en 2025, l’organisation par la BNF d’une grande exposition intitulée Apocalypse. Hier et demain, m’a incité à reprendre ce travail, à l’actualiser, à l’approfondir et à lui donner d’autres orientations inspirées par mes recherches sur des terrains réels dans une perspective plus critique, plus radicale. Et voici comment un géographe connu comme latino-américaniste est devenu un amoureux des villes de fiction !

  • En quoi la ville incarne-t-elle, encore aujourd’hui, la figure du bouc émissaire civilisationnel ?

C’est, je pense, le résultat d’un grand paradoxe qui semble aller à contre-courant de l’histoire telle qu’on l’apprend dans nos écoles et selon laquelle les communautés du néolithique ayant bâti les premières villes sont à l’origine de cette révolution civilisationnelle dont nous sommes les héritiers. En passant du nomadisme à la sédentarisation, on serait entré dans la « civilisation » concept fondé sur le mot latin « civitas », c’est-à-dire la ville conçue par les Romains comme un corps politique, au-delà de ses structures matérielles.

Cependant, toutes les villes imprégnées de culture biblique semblent souffrir d’un mal insidieux que j’ai appelé le syndrome de Babylone, mal qui se caractérise par une condamnation quasi unanime des modes de vie urbains et des valeurs qu’on leur accorde. Les principales villes de la Bible finissent d’ailleurs très mal. La première, c’est Babel. La dernière, c’est Babylone, Même la ville sainte de Jérusalem n’est pas épargnée puisque Ézechiel accuse ses habitants de corruption et d’idolâtrie. Pour le prophète en colère ses habitants ne sont que des voleurs qui ne reculent devant aucune violence contre les pauvres ou les immigrés – critiques qui n’ont rien perdu de leur actualité. 

On peut faire remonter cette philosophie anti-citadine aux Bucoliques de Virgile ou aux Confessions de Jean-Jacques Rousseau, mais elle s’est affirmée au XIXe siècle aux États-Unis avec des essayistes et des penseurs comme Henry D. Thoreau, Ralph W. Emerson ou John Muir qui considèrent les grandes concentrations urbaines comme des menaces pour la santé morale et physique de leur habitants. À cette époque, c’est Londres qui incarne tous les maux d’un monde en pleine mutation : pollution, pauvreté, inégalités, maladies, violence…

La science-fiction, genre situé originellement au carrefour de la révolution industrielle européenne et de la religion chrétienne, a donc pris l’habitude de prendre pour cible prioritaire les métropoles mondialement connues qui incarnent l’esprit d’une époque. Paris et New York ont longtemps été des cibles privilégiées mais, dans un monde multipolaire et globalisé, le nombre de villes servant de prétexte et de décor à l’apocalypse s’est élargi – avec notamment le basculement géopolitique de l’Amérique du Nord vers son littoral Pacifique et l’irruption sur la scène internationale des mégapoles asiatiques.

  • Comment l’apocalypse se reconfigure-t-elle dans les imaginaires contemporains à l’ère de l’Anthropocène, du Capitalocène, voire du Technocène ?

Analyser les discours sur l’apocalypse permet de mieux comprendre les dysfonctionnements politiques, économiques et sociaux qu’ils révèlent dans un monde réel perçu comme toujours plus vulnérable malgré (ou à cause de) son développement technologique. C’est pourquoi je n’ai pas hésité à placer les fins du monde contemporaines dans la perspective d’une nouvelle critique de la civilisation occidentale telle qu’elle est exprimée dans de nombreux récits. Il est bien fini le temps des comètes, des chouettes ou des éclipses. On a les signes avant-coureurs que l’on mérite car, comme toujours, l’œuvre d’anticipation ou de science-fiction s’inscrit dans une réalité qui lui sert à la fois de contexte et de prétexte pour justifier les révélations de notre fin prochaine. 

C’est donc de plus en plus vers les systèmes de production et de destruction capitalistes que l’on se tourne pour essayer d’expliquer, d’anticiper et, pourquoi pas ?, de prévenir le désastre qui nous attend. À partir des 1960-1970, c’est-à-dire au moment où l’american way of life s’est imposé comme le stade suprême du « développement », le pessimisme écologique a commencé à alimenter notre crainte du futur dans un monde marqué par une industrialisation forcenée, une démographie galopante, le pillage des ressources naturelles et l’accroissement des inégalités. Certains scientifiques n’ont pas hésité à donner un nom à cette période noire de l’histoire de la planète, l’Anthropocène. 

D’autres sont allés encore plus loin en parlant de Capitalocène puis de Technocène, termes qui ont le mérite de ne pas faire porter la totalité de la faute à l’ensemble de l’humanité mais bien aux principaux responsables du désastre, comme l’a fait dès 1972 John Brunner dans son roman Le troupeau aveugle. Dans le futur proche qui nous attendait il y a cinquante ans (et dans lequel on est entré aujourd’hui) la pollution est devenue ingérable ; l’eau potable commence à manquer ; l’oxygène se fait rare ; les maladies infectieuses se propagent partout ; la Méditerranée est devenue une mer morte ; les pauvres et les marginaux s’entassent dans les centre villes à l’abandon tandis que les classes sociales privilégiées s’enferment dans de luxueux lotissements fermés… Il n’y a pour le romancier qu’une seule solution : exterminer les deux cent millions de personnes plus gaspilleuses de notre espèce – à savoir les Nord-Américains. Malheureusement, sa solution ne sera pas appliquée et le monde va continuer son sinistre chemin vers l’abîme !

  • Quels rôles jouent les pandémies, le dérèglement climatique, l’effondrement des infrastructures ou les IA hostiles dans ces récits ?

On a pu croire que les vieux récits apocalyptiques centrés sur les pestes les plus épouvantables allaient passer de mode, balayés par le spectre de la bombe atomique, mais il n’en est rien, au contraire, ce qui m’a obligé à consacrer un sous-chapitre à ce thème déjà largement évoqué dans l’Apocalypse de Saint Jean avec l’apparition du quatrième cavalier monté sur un cheval verdâtre. Steven Soderbergh a utilisé cet argument dans son film Contagion (2011), quand il raconte comment une maladie mortelle se répand sur la planète sans que rien ni personne ne semble pouvoir l’arrêter. 

Il avait été précédé en 1995 par Terrry Gilliam avec L’Armée des 12 singes et encore avant lui par Boris Sagal dans Le survivant (1971), avec Charlon Heston dans le rôle du colonel Neville, le sauveur christique de l’humanité. Le même scénario de base a été utilisé en 2008-2010 dans la série télévisée Survivors. Les survivants de l’Apocalypse, où 99 % de l’humanité est victime d’une grippe mortelle qui pousse les systèmes immunitaires des malades à réagir contre leur propre organisme. Et puis il y a eu le COVID-19, pain béni pour les rêveurs d’apocalypse médicale ! 

Mais dans la lignée des scénarios pessimistes déjà clairement exprimés en 1972 au cours de la première grande Conférence des Nation Unies sur l’environnement, puis dans le rapport Brundtland de 1987 (Our Common Future), le dérèglement climatique, la montée des eaux ou la désertification d’une partie de la planète sont devenus une préoccupation majeure de la science-fiction. J’aimerais souligner à ce sujet que la notion d’effet de serre était déjà évoquée en 1969 dans une nouvelle de James Blish (écrivain critique et engagé par excellence) intitulée « Nous mourrons nus » et que le français Pierre Barbet l’avait reprise en 1972 dans son roman La planète empoisonnée, preuve que la SF suit toujours de près l’actualité, quand elle ne l’anticipe pas.

Et aujourd’hui, oui, c’est vrai, dans la lignée du Technocène dénoncé par Gilbert Simondon, c’est la course hyper-technologique fondé sur le nano et l’IA qui fait peur et qui semble menacer l’humanité dans son ensemble malgré les belles promesses de leurs promoteurs. Les récits sur ce thème abondent mais je pense qu’il faut en revenir à la genèse du genre, à savoir Terminator. En effet, dans le film de James Cameron c’est le système informatique Skynet qui va incarner notre défiance, ou notre crainte, vis à vis d’une nouvelle intelligence, mécanique, artificielle, accusée de vouloir nous supplanter. Les robots seront-ils les maîtres du monde ? Aura-t-on besoin d’un cerveau humain alors que ChatGPT peut écrire nos livres à notre place ? 

Professeur d’informatique et de mathématiques, mais aussi auteur de SF, Vernor Vinge a publié en 1993 un essai sur la « singularité technologique » annonçant que l’accélération de l’intelligence artificielle provoquerait un emballement technologique impossible à maîtriser et qui nous dépasserait, renvoyant notre espèce aux poubelles de l’histoire. Toute la question est de savoir si nous avons déjà mis le pied dans ce nid de guêpes et si le Technocène n’est pas déjà en train de nous dévorer. Et, franchement, qui aurait envie de vivre dans l’univers du Neuromancien de Gibson, de Matrix des Wachowski ou de L’âge de diamant de Stephenson?

  • Face à l’imaginaire de la catastrophe, quels récits alternatifs émergeant des villes proposent des visions de résilience, de solidarité ou de renaissance ?

Encore une fois, il est nécessaire de revenir à l’origine du mythe ! Nous interprétons aujourd’hui l’apocalypse comme la fin du monde, mais c’est en réalité une révélation destinée à préparer l’avènement de la nouvelle Jérusalem qui sera une cité lumineuse où règneront la justice et la paix, où il n’y aura plus ni riches ni pauvres, où l’on écoutera Dieu, où l’étranger sera respecté… Jean de Patmos nous propose déjà un projet de recomposition sociale et politique fondé sur l’idée de la table rase : nous nous sommes trompés, nous avons été trompés, mais nous pouvons recommencer sur de nouvelles bases. 

C’est ce que l’on retrouve dans de très nombreux récits de fin du monde puisqu’on aboutit rarement à une fin définitive de l’humanité même si la vie post-apocalyptique est rarement joyeuse. Inventer un monde utopique n’est d’ailleurs pas le but général de la science-fiction qui cherche plutôt à nous avertir des risques que nous courons si nous continuons dans la voie sans issue que nous avons choisie. 

Heureusement, tout n’est pas complètement noir dans le futur qu’on nous prédit. Je pense par exemple à Le Facteur (The Postman) de David Brin publié en 1985 et porté à l’écran par Kevin Kostner en 1997. Son héros, Gordon Krantz, est un imposteur opportuniste qui va se prendre à son propre jeu en apportant l’espoir d’une restauration de l’autorité de l’État dans des terres dévastées par la guerre, retournées à l’anarchie et menacées par une dictature fasciste. Son mensonge est d’autant mieux accueilli qu’il permet d’unir des groupes isolés les uns des autres, de réactiver des réseaux de solidarité qui paraissaient condamnées à disparaître et de retrouver une vie paisible dans un monde nouveau, libéré de ses anciennes peurs. La ville qui apparaît rapidement à la fin du film, St Rose (en réalité, Rosario Beach, au sud de Vancouver), n’a rien à voir avec les métropoles surpeuplées qui caractérisent notre époque : on y voit des maisons claires, baignées de lumière, éparpillées dans la végétation… Une véritable cité-jardin aux antipodes de la cité radieuse de Lecorbusier. 

  • Peut-on imaginer une réhabilitation du mythe urbain comme utopie post-apocalyptique, ou est-il irrémédiablement lié à la décadence ?

Ce n’est pas facile de répondre à cette question. La ville est-elle par nature vouée à la décadence ? Oui, bien sûr, mais toutes nos sociétés aussi, comme le prouve l’histoire du monde et le nombre incalculable de cités englouties dans le sable ou la jungle alors que ses habitants pensaient sans doute qu’ils avaient l’éternité devant eux… Comme le disait Paul Valéry après la première guerre mondiale : « nous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». C’est pourquoi il faut toujours penser en terme d’entropie – l’entropie considérée comme la transformation et la dégradation inéluctable de tout système, version hard science de la pensée bouddhiste sur l’impermanence des choses.

Cependant, dans les limites de la petite fenêtre temporelle qu’on nous a concédée au sein de l’univers, on peut aussi envisager des récits d’anticipation plus optimistes où la ville ne serait pas toujours considérée comme une monstruosité dont il faut se débarrasser, comme dans Ravage de Barjavel. 

On parle beaucoup en ce moment du courant Solarpunk qui permettrait d’imaginer de nouvelles façons de construire le monde à venir. À l’opposé du Cyberpunk, il s’agit de promouvoir une vision du monde plus généreuse fondée sur la nécessité de prendre en compte l’environnement et la justice sociale. Cependant, comme l’a dit Ugo Bellagamba dans son Dictionnaire utopique de la science-fiction, cette nouvelle tendance est plutôt une déclaration d’intention ou un manifeste qu’une réalité littéraire. On peut toujours picorer ici et là des petits morceaux d’eutopie, il n’en reste pas moins que les peuples heureux n’ont pas d’histoire et donc pas de vrai récit fondateur comme l’ont été pour les dystopies Metropolis ou Blade Runner, par exemple.

J’aime bien citer à cet égard le roman de Li-Cam, Résolution, dont l’action se déroule à Adelphie, un îlot indépendant au large des côtes nord-américaines où vit en paix une communauté auto-suffisante de trois cents habitants. On y a réinventé une harmonie que tant d’autres, enlisés dans un système rationaliste et productiviste destructeur, avaient jugé illusoire. Ils sont gouverné avec bienveillance par une IA omnisciente qui sert de prêtre, de psy et de juge en cas de besoin. On y vit dans un habitat écologique merveilleux, le Smalt, une prodigieuse fleur de bois, de verre photovoltaïque, de métal et de carbone qui épouse les mouvements du soleil. C’est le paradis, enfin ! Mais sur le reste de la planète s’entassent des milliards d’êtres humains condamnés à survivre dans des conditions épouvantables. En fin de compte, cette vision supposée utopique ne se distingue pas beaucoup d’Elysium de Neill Blomkamp ou des projets délirants de l’Arabie Saoudite avec des villes futuristes comme The Line ou Aquellum.

Il n’en reste pas moins que la ville de science-fiction n’est pas nécessairement destinée à disparaître comme dans Ravage de Barjavel, quand le chef François Deschamps interdit le rassemblement de plus de 500 familles dans le même bourg d’éviter la reconstitution de noyaux urbains trop importants qui menaceraient l’équilibre d’une société rurale saine fondée sur le troc, la tempérance, la famille, le respect du voisin et l’amour de Dieu. 

Comme dans Le facteur, on peut lui accorder une deuxième chance et certains récits d’anticipation évoquent parfois des cités aux saveurs utopiques dans un monde qui a changé de direction ou dans des galaxies lointaines, très lointaines. C’est le cas dans Un psaume pour les recyclés sauvages de Becky Chambers qui nous parle d’une ville aérée, aérienne, colorée, envahie par la nature, enveloppée dans des parfums de fleurs et d’épices. Dans Trop semblable à l’éclair 1. Terra Ignota, Ada Palmer nous fait visiter Cielo de Pájaros, sur la côte chilienne, une cité sans attrait particulier et à l’architecture monotone mais que ses concepteurs ont dessinée pour le plus grand plaisir de celles et ceux qui aiment regarder par leur fenêtre les mouettes tournoyer au dessus des brisants. En décrivant ensuite les fleurs de lotus parfaites de Togenkyo, formées par de gigantesques gratte-ciel de verre et d’acier posés sur la mer, l’autrice semble s’être inspirée des rêveries du courant métaboliste japonais des années 1960, illustré par des architectes et urbanistes audacieux tels que Kisho Kuokawa, Arata Isokazi ou Kenzo Tange.

Je pourrais donner bien d’autres exemples mais je crois vraiment que, dans le domaine de l’architecture et de l’urbanisme, la science-fiction a toujours son mot à dire et qu’elle peut continuer à inventer des cités qui nous font rêver, même si elles apparaissent dans des récits qui n’ont rien d’utopique.

  • Y a-t-il une performativité de ces récits dans les choix d’aménagement, de gestion des risques ou de contrôle social des populations urbaines ?

Ah ! Question redoutable à laquelle j’ai peur de répondre… En ce qui concerne l’apocalypse en elle–même, franchement, je ne pense pas que les décideurs publics ou privés aient besoin de lire des romans d’anticipation pour orienter leurs politiques ou faire leurs choix d’aménagement urbain, mais on peut toujours en discuter. Est-ce que les projets de villes intelligentes coupées du monde qui se multiplient partout sur une planète considérée comme toujours plus vulnérable ne sont pas une réponse à cette menace ? L’hypothèse ne doit pas être écartée et je l’ai clairement exprimé dans un autre essai sur les villes du futur en parlant des processus de sécession en cours un peu partout dans le monde. 

En ce qui concerne les nouveaux paysages urbains qui peuvent se diffuser dans le monde réel, il faudrait que je puisse prouver que les architectes contemporains ou les décideurs politiques ont lu les mêmes livres que moi ou ont vu les mêmes films. Est-ce que Vincent Callebaut, avec ses immeubles influencés par l’éco-prospective, animés par la lumière, la transparence, la fluidité et tamisés par la végétation s’est penché sur les œuvres de Luc Schuiten ou sur des films comme À la poursuite de demain de Brad Bird ? J’aimerais volontiers le croire. On s’imaginerait presque dans le Paris futur imaginé par une jeune autrice, Élodie Doussy, qui parle d’une agglomération paisible, ombragée, bercée par les feuillages et où les arbres font partie du décor et de l’habitat, comme chez Schuiten.

En revanche, les propositions de l’Arabie saoudite pour ses projets urbains pharaoniques destinés à révolutionner nos futurs modes d’habiter et notre façon d’être au monde sont visiblement influencées par une multitude de références implicites. Les vidéos mises en ligne pour appâter les investisseurs étrangers et séduire une hypothétique « classe créative » globalisée ont manifestement puisé dans toute une série d’œuvres comme Skyscraper de Rawson Marshall Thurber, Elysium de Neill Blomkamp ou Altered Carbon de Laeta Kalogridis.

Pour la performativité réelle ou supposée de ces récits d’anticipation, je peux néanmoins parler d’une expérience personnelle puisque j’ai été récemment invité par le Forum urbain de l’Université de Bordeaux à participer à une table ronde intitulée « La ville dans la science-fiction : quels récits des possibles urbains ? », à l’occasion de la sortie du livre Quand Bordeaux se réinvente – Les biens communs au cœur du projet urbain. Élodie Doussy, Natacha Vas-Deyres, la présidente du festival Hypermondes, et moi-même avons pu discuter avec un représentant de la mairie, Jean-Yves Meunier, qui participe à la transformation de Bordeaux en prônant le verdissement de la ville et la mise en place de nouvelles pratiques urbaines et sociales. Même s’il a reconnu ne pas être un amateur de SF, certaines réalisations concrètes, combinant nature et architecture, verre, acier et végétalisation, semblent directement sorties d’un film ou d’une série d’anticipation.

  • Pourquoi certaines villes du Sud global deviennent-elles les nouveaux théâtres de l’effondrement dans la fiction, alors qu’elles sont aussi des foyers d’innovation sociale et urbaine ? 

En 1970, dans Le lendemain du jugement dernier, James Blish faisait le catalogue détaillé de toutes les villes rayées de la carte du monde. On y retrouvait bien entendu l’essentiel des métropoles nord-américaines, de New York à Los Angeles en passant par Chicago et Dallas, sans oublier quelques grandes capitales internationales du vieux continent (Milan, Londres, Paris, Berlin, Bonn et Stockholm) qui jouaient déjà un rôle crucial dans un système urbain mondialisé précédant de vingt ans celui des « cités globales » mis en lumière par la sociologue Saskia Sassen. 

Fort judicieusement, il y avait ajouté Tel-Aviv, Le Caire et Ryad… Déjà certaines villes du sud avaient trouvé une petite place dans un récit occidental de la fin du monde. Était-ce dû au fait qu’elles proposaient de nouvelles formes d’urbanité ou de nouveaux modèles de société remettant en cause le système hégémonique issu du Capitalocène ? Je ne crois pas. Il s’agit plutôt d’un renversement des données démographiques qui renforcent le rôle géopolitique du Sud global face aux anciennes puissances européennes et à leurs métastases d’outre-Atlantique. D’ailleurs, s’il est révélateur de constater qu’aucune ville asiatique ne figure dans la liste établie par James Blish, des cités emblématiques comme Tokyo ou Séoul occupent désormais une place de choix dans la nécrologie apocalyptique de la science-fiction.

  • Quels biais culturels ou postcoloniaux se cachent dans la cartographie imaginaire de la catastrophe ? 

Les biais culturels sont évidents et remontent aux origines mêmes de la science-fiction, un genre littéraire occidental qui a fini par s’étendre à d’autres aires géographiques (Japon puis Chine et, plus récemment, Afrique). Et quand on croise science-fiction, ville et apocalypse (dans son acception chrétienne que j’essaie de dépasser en prenant d’autres exemples), l’étau se resserre encore plus. En Amérique latine, et plus particulièrement au Mexique, je cite Guillermo Sheridan, Francisco Martin Moreno, Gabriel Trujillo, et l’argentin Rodrigo Fresán pour son roman halluciné sur Mexico et la Nouvelle Tenochtitlan du Tremblement de Terre, Mantra… Mais il est vrai que ces auteurs n’ont pas la portée internationale de Silverberg ou de Pierre Boulle. 

J’aurais pu insister plus sur les fins du mondes envisagées par le monde hopi ou par le calendrier méso-américain (j’y fais allusion dans l’introduction) mais ce serait un autre sujet puisqu’il manquerait à l’analyse deux éléments essentiels qui sont au cœur de ma recherche : la science-fiction d’une part, les mondes urbains de l’autre. Le Popol-Vuh, par exemple, le livre sacré des mayas que j’ai lu en détail avec les illustrations de Diego Rivera, nous parle des fameux Quatre Soleils qui ont scandé l’histoire du monde dans une succession dramatique de destructions et de renaissances mais il ne s’intéresse pas particulièrement au destin des villes! En revanche, par rapport à la première édition, j’ai accordé une place plus importante aux récits japonais et en particulier aux mangas. Je cite aussi Komatsu, mais son Sinking of Japan n’est pas à proprement parler un récit de fin du monde, contrairement à la série Akira ou à Ken le survivant de Tetsuo Hara et Buronson. 

En fait, comme toujours, c’est la place occupée par une métropole donnée dans l’actuel système urbain global qui va lui donner un rôle plus ou moins grand dans un récit de science-fiction. J’en parle au sujet des monuments iconiques de l’apocalypse dont le classement est toujours dominé par la tour Eiffel et la statue de la liberté malgré l’émergence de nouvelles figures comme le Christ du Corcovado ou l’opéra de Sidney – alors que tant d’autres édifices, situés hors des radars de la globalisation, sont marginalisés ou tout simplement oubliés. C’est par exemple le cas de Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro, considérée comme le plus grand édifice chrétien de la planète mais qui n’a jamais eu l’honneur d’être choisie pour illustrer la fin du monde, contrairement à Saint-Pierre de Rome. Pourquoi ? Il suffit tout simplement de demander autour de soi quelle est la capitale politique de la Côte d’Ivoire… 

  • L’imaginaire de l’apocalypse est-il un exutoire émotionnel ou une stratégie d’évitement du réel ? 

Si l’apocalypse et les univers post-apocalyptiques comptent parmi les meilleurs piliers de la science-fiction c’est parce qu’ils symbolisent la peur que nous éprouvons tous face à un futur impossible à maîtriser qui peut remettre en cause tous nos acquis, toutes nos certitudes. Après mille ans de gloire, même la Rome antique a fini par tomber et son destin tragique a influencé Asimov quand il a écrit l’histoire de Trantor dans le cycle de Fondation

En fait, si l’apocalypse est un fantasme largement partagé et qui s’inscrit dans le temps long, la société qui l’invente pour se faire peur est bien réelle et chaque fin du monde est le reflet de son époque. C’est pourquoi, au fil du temps, les scénarios ont évolué en suivant l’état de nos sociétés et leur perception du monde environnant. On peut ainsi distinguer de grandes périodes marquées par une crainte particulière, périodes qui se chevauchent ou se superposent en accumulant les risques et les aléas : l’apocalypse nucléaire dans les années 1945-1960 ; la surpopulation ensuite, provoqué par le boom démographique des pays dits du Tiers-Monde ; puis la crise environnementale, régulièrement dénoncée par les différents sommets de la Terre organisés par l’ONU depuis 1972 et qui se sont révélés aussi alarmistes qu’inefficaces…

On ne cherche pas à éviter le réel, au contraire, mais on le façonne à notre image.

  • Peut-on voir dans ces représentations une manière de « jouir de la peur » face à l’incapacité d’imaginer un avenir désirable ? on parle parfois de délectation morose… qu’en pensez-vous ? 

Oui, je pense aussi qu’on aime à se faire peur comme on va au cinéma voir un film d’horreur peuplé de zombies sanguinaires en oubliant que le réalisateur a parfois un message politique à faire passer. C’est le cas de George Romero dans Dawn of the Dead (Zombie) qui met un scène un monde bouleversé par la prolifération des morts-vivants et où un petit groupe de rescapés trouve refuge dans un grand centre commercial. Ce classique du genre est en fait une charge contre la société de consommation incarnée par le mall dans lequel les héros, comme les zombies, singent leur vie passée. Et quand on voit les corps couverts de plaies purulentes des assaillants se presser contre les portes condamnées, on se croirait un jour de soldes !

C’est aussi pour cela que les récits post-apocalyptiques font la part belle aux ruines du futur. Il s’agit d’une fascination typiquement occidentale née à la Renaissance avec la redécouverte de l’Antiquité et développée au XVIIIe siècle grâce à la découverte des ruines de Pompéi et aux dessins d’artistes comme Giovanni Battista Piranesi (Le Piranèse) avec ses célèbres Antiquités romaines. Dans le Génie du Christianisme, Chateaubriand exprime une véritable esthétique des ruines fondée sur le fait que le monument en partie détruit, dont les murs s’ouvrent sur la nature et l’horizon, a plus de force évocatrice que l’édifice neuf ou resté entier. Je me permets de le citer : « Ce sentiment tient à la fragilité de notre nature, à une conformité secrète entre ces monuments détruits et la rapidité de notre existence ». 

Ce n’est donc pas par hasard si j’ai consacré de longs passages de mon livre à l’analyse des ruines futures de nos villes telles qu’elles apparaissent dans la science-fiction. Elles semblent se refléter dans le miroir des cités antiques d’Égypte, du Mexique ou de Chine qui, du fond de l’abîme du temps, semblent nous dire : « nous étions ce que vous êtes, vous serez ce que nous sommes ».

  • Quels contre-récits mobiliser pour inventer des villes post-apocalyptiques viables, ancrées dans la justice sociale, la sobriété énergétique, la cohabitation inter-espèces ? 

Dans le meilleur des cas, comme on l’a vu pour l’avènement de la Jérusalem céleste ou dans Le Facteur de Kevin Costner (et pardon pour ce télescopage audacieux), l’apocalypse peut être l’occasion de repartir sur de nouvelles bases et de proposer d’autres façons de penser et d’habiter le monde. Toute la question est de savoir si on a vraiment besoin d’en passer par là pour faire de nouvelles propositions. Une simple crise (la dernière !) du système capitaliste pourrait suffire, comme l’a montré Kim Stanley Robinson dans Lisière du Pacifique ou Camille Leboulanger dans Eutopia. Alain Damasio dans Les furtifs, invente lui aussi des moyens de résistance pour lutter contre les maux qui rongent nos sociétés contemporaines : le néolibéralisme, les privatisations, la société de contrôle, le fascisme, les inégalités, le racisme… Selon cet écrivain bien connu pour son engagement politique, la ville dystopique d’aujourd’hui, débarrassée de la gestion capitaliste imposée par des transnationales sans pitié, peut et doit se reconstruire sur un mode démocratique et collectif : l’anarchipel. 

En fin de compte, au lieu d’attendre impatiemment l’apocalypse et d’essayer d’en profiter pour changer le monde après avoir connu mille tortures et compté les morts par milliards, on pourrait peut-être mettre en place le fameux Ministère du futur imaginé par Kim Stanley Robinson afin de protéger les générations à venir et donner une dernière chance à notre planète à bout de souffle. On peut toujours rêver…

  • Résumé

Alain Musset, géographe spécialiste des mondes urbains, explore la ville sous toutes ses formes, qu’elles soient historiques, contemporaines ou fictives, et ne voit pas son intérêt pour la science-fiction comme un reniement mais comme une extension méthodologique. Il met en lumière l’ambivalence historique de la ville, perçue à la fois comme berceau de civilisation et comme symbole de décadence, notamment dans les imaginaires bibliques et occidentaux. Les villes apocalyptiques imaginées dans la SF permettent de diagnostiquer les dérives du monde réel, particulièrement en lien avec l’Anthropocène, le Capitalocène et le Technocène. Musset souligne la persistance de l’imaginaire de la peste, enrichi par les peurs climatiques, les IA hostiles et les catastrophes technologiques, qui nourrissent des récits d’effondrement global.Malgré la domination de récits pessimistes, certains récits de SF comme Le Facteur ou Résolution ouvrent la voie à des imaginaires de résilience, de solidarité et de renaissance urbaine. S’il reconnaît l’intérêt du courant solarpunk, Musset en souligne les limites littéraires, notant que les dystopies ont produit des récits plus structurants que les utopies heureuses. Il observe que, même si les décideurs ne lisent pas directement de la SF, certains projets urbains contemporains semblent influencés par des esthétiques et logiques issues de l’imaginaire science-fictionnel. Le déplacement de l’apocalypse vers les villes du Sud global reflète des réalités démographiques et géopolitiques, mais aussi des biais postcoloniaux dans la cartographie imaginaire de l’effondrement. Musset analyse l’attrait pour la ruine et la fin du monde comme une jouissance esthétique et émotionnelle profondément ancrée dans la culture occidentale, héritée de la Renaissance et du romantisme.Il appelle à inventer des récits de transition urbaine ancrés dans la justice sociale et écologique, en s’inspirant de propositions littéraires comme Les furtifs ou Le Ministère du futur, sans attendre l’effondrement.

  • Conclusion

L’entretien avec Alain Musset soulève une problématique centrale : dans quelle mesure la ville contemporaine, saturée d’imaginaires de catastrophe, peut-elle encore être pensée comme un espace d’émancipation, de recomposition ou de salut collectif ? Alain Musset refuse la dichotomie entre réel et fiction : selon lui, les villes imaginaires de la science-fiction prolongent son travail de géographe sur les dynamiques urbaines, les catastrophes et les inégalités spatiales. La ville reste son objet central, mais elle devient aussi un révélateur d’imaginaires collectifs en temps de crise. Musset met en évidence une généalogie du rejet de la ville, nourrie d’une tradition religieuse et philosophique profondément ancrée dans les cultures occidentales. Il nomme ce rejet le « syndrome de Babylone » : la ville y incarne le lieu de la corruption, de l’injustice et du châtiment, réactivé dans la science-fiction contemporaine comme espace de l’effondrement. L’apocalypse devient une forme narrative puissante pour interroger les dérives du capitalisme mondialisé, du néolibéralisme technologique et de l’Anthropocène. Mais Musset interroge aussi la performativité de ces récits : sont-ils des outils critiques efficaces ou des refuges esthétisants pour une humanité incapable d’imaginer des avenirs désirables ? La « délectation morose » devient une forme paradoxale de confort culturel. Malgré la prégnance des ruines et du désespoir, certains récits ouvrent des brèches vers des modèles alternatifs : villes-jardins, communautés autonomes, IA bienveillantes, réinvention du commun. Ces récits proposent des formes de « réparation » urbaine fondées sur la justice sociale, la sobriété énergétique et la cohabitation inter-espèces.
Musset suggère que les récits d’anticipation, tout en n’étant pas directement mobilisés par les politiques publiques, influencent en creux les visions urbaines : écologie techno-optimiste (à la Vincent Callebaut), smart cities sécuritaires ou mégaprojets autoritaires (comme The Line en Arabie Saoudite) montrent que la frontière entre fiction et planification est poreuse.
La montée en puissance des villes du Sud dans les récits d’effondrement souligne un double mouvement : d’une part, leur intégration dans le système urbain global ; d’autre part, la persistance de biais culturels et postcoloniaux dans leur représentation comme foyers du chaos plutôt que comme creusets de résilience et d’innovation sociale.
Enfin, Musset appelle à ne pas attendre l’effondrement pour envisager d’autres modèles urbains. Il cite Alain Damasio, Kim Stanley Robinson ou Camille Leboulanger comme auteurs mobilisant la science-fiction pour proposer des contre-récits critiques et politiques. Il évoque aussi la nécessité de penser une gouvernance urbaine tournée vers les communs et les générations futures, en amont de l’effondrement.

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